Ce soir, aux Rendez-vous Québec Cinéma, Jeanne Leblanc présentera, en première mondiale, son premier long métrage, Isla Blanca, dans lequel une jeune femme revient à la maison après huit ans de silence pour veiller sa mère mourante. Aussi aux RVQC, elle présentera Garrincha, court métrage dans lequel un jeune homme fait face à sa mort imminente.
Q: Vos deux films sont circonscrits à des moments limités dans le temps. Qu'en pensez-vous ?
R: Effectivement, mon distributeur et moi avons qualifié Garrincha de bulle de vie, de court moment décisif dans la vie [d'un jeune]. C'est aussi le cas d'Isla Blanca. L'un comme l'autre s'intéressent à des moments de fin de vie. Isla Blanca est en fait inspiré de la nuit où, à 19 ans, j'ai veillé ma mère qui est décédée.
Q: Pouvez-vous nous en dire plus sur ce moment intime?
R: Je voulais parler de ce que l'on peut vivre face à une personne mourante qui ne peut plus s'exprimer. Pour faire ce film, la mémoire filiale s'est mêlée à un souvenir surréel de ce moment. C'est donc, comme vous le dites, un moment de vie. Et ma mère a effectivement, comme dans le film, fait un voyage au Mexique. Ce fut le seul voyage de sa vie. Elle l'a fait avant ma naissance. Je ne crois pas que je ferai un autre film aussi autobiographique.
Q: La famille est aussi un thème très important dans Isla Blanca...
R: J'aime réfléchir sur la famille et la nature des liens filiaux. J'avais cette envie de me demander ce que ma mère m'a transmis, même au-delà de la mort. Encore aujourd'hui, j'ai des leçons de vie en constatant qu'elle et moi avons des traits de caractère communs.
Q: Pourquoi le choix de Charlotte Aubin dans le rôle de Mathilde qui va veiller sa mère?
R: Charlotte possède de la fougue et une grande humanité. Elle peut être à la fois très technique, au sens qu'elle sait comment se placer, bouger, etc. Mais elle a aussi, et c'est ce qui m'a le plus fascinée, une capacité d'abandon, d'aller excessivement loin dans la gamme des émotions si elle se sent accompagnée.
Q: L'été prochain, vous tournerez un deuxième long métrage, Les nôtres. Qu'en est-il?
R: L'impunité sera un thème majeur dans ce film. Et lorsqu'on parle d'impunité, on parle de relations de pouvoir, de relation à la sexualité et au regard des autres. Ici, on sera dans le contexte d'une petite ville où deux familles se confrontent.
Q: Dans vos présents projets et Les nôtres, on retrouve un personnage latino-américain. Une récurrence?
Je ne crois pas. Un autre projet de film, où j'en suis à l'étape d'écriture, se passera en partie en Tunisie. Ce qui sera récurrent, c'est que mes films ne sont pas 100% blancs. Je suis attirée par l'idée de décloisonner le cinéma très montréalais, très blanc. C'est plus intuitif que réfléchi, mais oui, ça revient souvent dans mes films.
Isla Blanca est présenté ce soir, à 18h, au Quartier latin (salle 10). Il prendra l'affiche le 2 mars.
Garrincha fait partie du programme de courts métrages «Toi et moi» présenté le lundi 26 février à 21h45 à la Cinémathèque québécoise.
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Après un baccalauréat en communication à l'UQAM, Jeanne Leblanc fait une résidence artistique à Madrid. Au retour, elle devient troisième assistante à la réalisation sur Les États-Unis d'Albert d'André Forcier. Elle travaille sur de nombreuses productions (Café de Flore, Omertà, X-Men: Apocalypse) comme assistante à la réalisation tout en écrivant ses premiers scénarios. Devenue réalisatrice, elle garde une affection particulière pour le travail d'assistance. C'est à ce titre qu'elle a récemment travaillé sur les longs métrages Chien de garde de Sophie Dupuis (aussi aux RVQC) et La disparition des lucioles de Sébastien Pilote. Son prochain film, Les nôtres, racontera l'histoire d'un jeune Mexicain qui, vivant en famille d'accueil, est soupçonné de la grossesse d'une amie et voisine qui n'a que 13 ans.
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