DÉCRYPTAGE - Discours politiques pro #Time's Up et diversité, jet-ski, canon à hot-dogs et palmarès sans surprises... Le Figaro vous raconte comment Jimmy Kimmel a tenté de mettre un peu de piment au cours d'une cérémonie trop équitable, sans prise de risques.
Si on comptait sur les Oscars pour nous réveiller après le pensum des César, on est en droit d'être déçu. Le spectacle cette année, qui marquait pourtant la 90e édition de la cérémonie la plus glamour d'Hollywood, a peiné à surprendre et à émouvoir. On attendait des lauréats des discours enflammés. Peu s'y sont risqués. Il a fallu attendre la fin de la soirée pour avoir des interventions sortant des conventions et retrouver un vrai suspense. Le spectacle était à chercher plutôt du côté de Jimmy Kimmel, parfait à la présentation, et aux ambassadrices de choc de Time's up.
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• La Forme de l'eau triomphe de 3 billboards-Les Panneaux de la vengeance
C'était le match de ces 90e Oscars. Avec 13 et 9 nominations, La Forme de l'eau et 3 billboards faisaient figure de favoris. Leur nombre total de récompenses ne reflète pas cette hégémonie, avec 4 et 2 statuettes. Les Golden Globes et les Bafta avaient donné l'avantage au récit vengeur de Martin Mcdonagh lui décernant les statuettes de meilleur film. Pas l'Académie américaine du cinéma. Pour la première fois en quatre ans, elle a même offert au conte fantastique de Guillermo del Toro le doublé meilleur réalisateur et meilleur film. A cela il faut rajouter l'Oscar de la meilleure musique pour le compositeur français Alexandre Desplat, et celui des meilleurs décors. 3 billboards se contente de trophées pour ses vedettes Sam Rockwell, meilleur second rôle masculin, et Frances McDormand, meilleure actrice.
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• Un palmarès vu et revu
Sauf dans sa dernière ligne droite, les Oscars ont respecté les grandes lignes des cérémonies qui les ont précédés. Gary Oldman (Les Heures sombres), Frances McDormand, Allison Janney (Moi, Tonya) et Sam Rockwell ont continué à faire le plein côté acteurs. La jeune garde représentée par Saoirse Ronan (Lady Bird), Margot Robbie (Moi, Tonya) ou le benjamin de 22 ans Timothée Chalamet (Call me by your name) devra attendre. Jusqu'aux deux dernières récompenses, les Oscars ont semblé opter pour un palmarès équitable. Un peu de gloire à chacun des nommés au meilleur film, à l'exception de Lady Bird et de Pentagon papers qui repartent les mains vides. La chronique horrifique du racisme ordinaire Get out et l'idylle gay Call me by your name se consolent dans les sections scénarios. Phantom thread, Blade runner 2049 et Dunkerque règnent sur les catégories techniques avec respectivement un, deux et trois prix. Une pauvre consolation pour Christopher Nolan, encore écarté du podium de la meilleure mise en scène.
• Le monologue mordant de Jimmy Kimmel
Entre l'affaire Weinstein, le rappel de l'annonce erronée du meilleur film l'an passé et les appels à plus de parité, l'animateur devait couvrir une multitude de sujets dans sa prise de parole inaugurale. Florilège dans ce qui restera longtemps le morceau de bravoure de la cérémonie: «Certains d'entre vous rentreront avec un Oscar mais si vous entendez votre nom, ne vous levez pas tout de suite car on doit vérifier», «la statuette des Oscars est le genre d'homme dont on en a besoin à Hollywood sans pénis, les bras croisés inoffensifs. Il ne dit jamais un gros mot», «Si on combat le harcèlement dans le cinéma, les femmes n'auront plus qu'à le confronter... dans tous les autres domaines».
• Time's up en vedette
Jimmy Kimmel l'avait promis: le mouvement anti-harcèlement aurait le droit à sa tribune. C'est un trio de choc qui a pris la parole: Salma Hayek, Annabella Sciorra, Ashley Judd. Trois actrices, parmi les premières à dénoncer les abus d'Harvey Weintein. Elles ont appelé à aller plus plus loin dans «l'égalité hommes-femmes, dans la représentation des diversités, dans l'inclusion, dans l'intersectionalité». Puis, elles ont lancé un clip louant les cinéastes et les films mettant en avant les femmes et les minorités. Get out et Lady Bird étaient en bonne place. Comme Thelma et Louise.
• Guillermo del Toro et Frances McDormand réveillent la salle
Malgré le contexte politique chargé, la majorité des discours de remerciements s'en sont tenus aux traditionnels «mercis papa, maman ou chéri(e)». À commencer par Gary Oldman qui a lancé à sa mère de 99 ans, «mets la bouilloire sur le gaz, prépare le thé, j'arrive avec Oscar». Précurseurs, les créateurs de Coco, qui se déroule au Mexique et a récolté deux statuettes, ont revendiqué «une histoire qui tisse les liens et qui représente ceux qui sont marginalisés.
Simples présentateurs, Kumail Nanjiani et Lupita Nyong'o ont apporté leur soutien aux «Dreamers», ces jeunes arrivés aux Etats-Unis sans papier et que Donald Trump souhaitait expulser. «Les rêves sont la fondation d'Hollywood et de l'Amérique», ont-ils souligné. En récupérant son Oscar du meilleur réalisateur, Guillermo del Toro a rappelé dans la même veine qu'il «était un immigrant, comme tant d'autres. Comme ses amis et confrères mexicains Alfonso Cuaron et Alejandro Innaritu». Et d'ajouter: «Je suis un citoyen du monde. L'endroit dans lequel j'aime le plus vivre est la planète Terre. Cette récompense est pour tous les jeunes réalisateurs. Ouvrez leur la porte. Jeune, gagner un Oscar me semblait au-dessus de mes possibilités. Raconter des histoires vraies avec la science-fiction».
Bien que submergée par l'émotion, Frances McDormand a demandé à toutes les femmes nommées de cette édition de se lever et les a fait applaudir. «Nous avons toutes des projets en attente de financement. Venez nous voir. Pas aux fêtes de ce soir mais les jours suivants. Je n'ai que deux mots à vous dire: inclusion et auteurs».
• Un jet ski objet de tous les désirs
Les Oscars ne seraient pas les Oscars sans des gags récurrents. Pour inciter les gagnants à faire court (en vain très souvent), Jimmy Kimmel a promis un jet ski d'une valeur de 18.000 dollars au lauréat le plus lapidaire. L'exploit a été accompli par le costumier Mark Bridges, couronné pour Phantom thread. Il a quitté la cérémonie sur son nouveau destrier.
• Un cadeau pour les cinéphiles
Certains se souviendront longtemps de leur séance d'Un raccourci dans le temps d'Ava DuVernay. Pour remercier les Américains qui se rendent encore dans les salles obscures, Jimmy Kimmel est allé surprendre les spectateurs d'un cinéma proche du Dolby theater. Il a formé une petite troupe composée de Gal Gadot, Lupita Nyong'o, Margot Robbie, Guilermo del Toro ou encore d'Armie Hammer pour distribuer les friandises et actionner les canons à hot-dogs.
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