Gauthier Dance // Dance Company Theaterhaus Stuttgart propose un bombardement de créations, une suite prometteuse de quatre pièces, dont Beating de la toujours pertinente Virginie Brunelle - pièce qui ouvrira le bal. Présenté par Danse danse, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, du 31 octobre 2018 au 3 novembre 2018. Entrevue.
Maintenant à la tête de Gauthier Dance // Dance Company Theaterhaus Stuttgart, le chorégraphe d’origine québécoise et ancien soliste du Stuttgart Ballet Eric Gauthier revient au pays avec un programme curieusement nommé (Grandes Dames) mais prometteur de quatre courtes pièces signées ou co-signées par d’excellents chorégraphes : Beating (Virginie Brunelle) We Love Horses (Helena Waldmann) Infant Spirit (Marco Goecke) et Electric Life (Eric Gauthier, Andonis Foniadakis). Virginie Brunelle évoque la chorégraphie qu’elle signe et que nous découvrirons cette semaine.
Les amateurs de danse s’en souviennent, Virginie Brunelle a fondé sa compagnie en 2009, faisant une entrée remarquée sur la scène québécoise avec Les cuisses à l’écart du cœur (2009). Les excellents Foutrement (2010), Complexe des genres (2011), PLOMB (2013) et À la douleur que j’ai (2016) n’ont depuis que confirmé le talent saisissant de la jeune trentenaire. Soutenue par le programme Nouveau chapitre du Conseil des arts du Canada, la pièce Beating est une commande de Danse danse, sa première commande artistique : « Je suis très fébrile… C’est une nouvelle façon de faire pour moi et ça l’est d’autant plus que j’ai l’habitude de travailler avec le même noyau de danseurs qui connaissent ma façon de procéder - en ajoutant toujours des nouveaux - alors que cette fois, j’étais avec une troupe entièrement inconnue » commence la chorégraphe. Elle raconte : « Quand j’ai rencontré les membres de la troupe Gauthier Dance en Allemagne, il a fallu que je leur explique le cheminement de ma pensée et la façon d’arriver à l’essence de ma façon de faire - c’était une expérience intéressante, un excellent prétexte pour revisiter mes bases ». Son séjour est si court que la chorégraphe a décidé de travailler quelques heures en amont, avec ses danseurs, pour entamer le processus et arriver avec quelques propositions. Mais, une fois rendue, en expérimentant avec les interprètes de Gauthier Dance // Dance Company Theaterhaus Stuttgart, Virginie Brunelle réalise qu’il ne faut pas forcement essayer de faire ce qu’on fait habituellement. Sur les corps de ses nouveaux danseurs et sur leur façon de bouger, ses idées ne fonctionnent pas : « Ça faisait plaqué, c’était inutilisable mais ça m’a tout de même aidée à briser la glace ».
Autre différence majeure : Beating est une commande d’une vingtaine de minutes et Virginie Brunelle a l’habitude de travailler sur des programmes longs et complets : « C’est très différent, ce n’est pas du tout la même courbe dramatique, parce que j’aime beaucoup faire durer les choses, pour qu’elles prennent tout leur sens ». La transition est difficile pour la chorégraphe : « J’ai vraiment bûché ! ». Le défi de Virginie Brunelle ? Salir la perfection lisse et sans efforts des corps formés par la danse classique de ses nouveaux interprètes. J’aime voir l’effort, pas le cacher ; en danse contemporaine, la sensation est plus brute, plus humaine, analyse la créatrice québécoise. Elle ajoute : « J’y suis arrivée ». Pourquoi cette nervosité tangible, alors ? Elle explique : « J’ai le curieux sentiment d’avoir abandonné la troupe... Il y a eu des changements dans la compagnie, quatre des danseurs ont été remplacés depuis les ateliers que nous menés ensemble et les nouveaux ont appris la chorégraphie sans que je puisse leur donner mes directions et des précisions dans le rythme ». Virginie Brunelle a pourtant confiance en la répétitrice : l’essentiel sera là. C’est que le meilleur outil reste le corps : « Les danseurs trouvent que j’avance très vite, c’est parce que je veux construire tout de suite dans le physique et apporter ensuite les nuances, je veux éviter que les interprètes se branchent sur des intentions ! ». Arraché, coup de poing au sternum, c’est l’amplitude du geste, sa force qui doit définir l’émotion. Ce n’est après avoir vu bouger les interprètes, que Virginie Brunelle peut les imaginer dans une chorégraphie : elle est ici, celui-là fait cela.
« Pour ajouter une couche de stress à l’aventure, les échanges en Allemagne se sont bien entendu déroulés dans la langue de Shakespeare alors que mon anglais est très, très moyen » rit Virginie Brunelle. Bon, ce n’était pas un examen de syntaxe ou de grammaire, l’anglais était la deuxième langue de tous et nous avons fini par nous comprendre, concède la jeune femme. Mais il lui est encore difficile d’avoir du recul : « Peut-être en aurais-je après cette série de représentations… Je suis pour l’instant encore à la poursuite de ce que j’ai fait ». Il est prévu que Virginie Brunelle passe 90 minutes avec les interprètes à leur arrivée, histoire de donner quelques notes, comme on dit en théâtre. « Mais nous nous sommes aussi envoyés des vidéos et j’ai donné mes commentaires … Cette aventure est un apprentissage à de multiples niveaux ». La Québécoise a dû faire ses preuves ; si les interprètes sentent le doute, ils décrochent - il faut savoir trouver le bon langage, rester alerte et dans le temps présent, communiquer avec les interprètes ; c’est comme ça que le travail évolue. « Je répétais comme un leitmotiv que j’avais la volonté d’effacer toute trace de dramaturgie ; c’est amusant parce que ce sera tout bientôt le 10e anniversaire de ma compagnie… ».
Gauthier Dance // Dance Company Theaterhaus Stuttgart présente Grandes Dames, une suite de quatre courtes pièces : Beating (Virginie Brunelle) We Love Horses (Helena Waldmann) Infant Spirit (Marco Goecke) et Electric Life (Eric Gauthier, Andonis Foniadakis). À voir au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, pour quatre représentations seulement, du 31 octobre 2018 au 3 novembre 2018.
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