
Les présidents de l'ADISQ, passés et actuel, font front commun pour sensibiliser les politiciens fédéraux et provinciaux à l'urgence de la situation dans l'industrie québécoise de la musique, qui tremble face aux géants du numérique.
Dans une lettre ouverte publiée mardi à l'occasion des 40 ans de l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ), 14 anciens présidents et le président actuel, Philippe Archambault, soulignent qu'il est «essentiel» de permettre aux artisans d'ici «de revenir à un marché équilibré et équitable».
«Le "streaming", c'est plus qu'il faut faire attention ; on est les deux pieds dedans, et il faut travailler dans ce sens-là», a expliqué M. Archambault en entrevue, mardi soir.
«C'est un long déclin qui s'éternise depuis plusieurs années», a renchéri l'un de ses prédécesseurs, Jacques K. Primeau, qui a présidé l'ADISQ de 2000 à 2002.
Les signataires demandent notamment de revoir le mode de rémunération des sites d'écoute en ligne, dont Spotify et Apple Music qui, selon l'industrie, versent des redevances faméliques aux artistes d'ici.
L'association voudrait aussi que les fournisseurs d'accès à internet fassent leur part.
«Quand on va sur le câble, il y a une redevance qui sert au Fonds des médias, alors que ce n'est pas le cas sur l'internet. On l'avait demandé en 2002 quand j'étais président. On nous dit non depuis ce temps-là», a indiqué M. Primeau.
Un moment charnière
Il s'agit d'un moment crucial pour l'industrie, selon les auteurs de la lettre, étant donné que plusieurs lois sont actuellement sous la loupe du gouvernement fédéral.
Un groupe d'experts indépendants examine en ce moment la Loi sur la radiodiffusion et la Loi sur les télécommunications, qui affectent l'industrie de la musique. Le comité a cependant jusqu'au 31 janvier 2020 pour remettre ses recommandations, donc après l'échéance électorale d'octobre 2019.
Dans un rapport déposé au mois de mai dernier, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) avait suggéré au gouvernement fédéral de revoir la stratégie de financement pour impliquer «tous les acteurs» - dont les fournisseurs d'accès à internet - dans la production et la promotion de contenu audio et vidéo.
Le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie étudie par ailleurs la Loi sur le droit d'auteur, qui est tout aussi importante pour les artisans de la musique québécoise.
En plus de ces nombreux changements législatifs, l'ADISQ interpelle également le gouvernement québécois pour qu'il soutienne davantage l'industrie dans les prochaines années, qui devraient être tout aussi difficiles.
L'ADISQ veut finalement s'adresser aux consommateurs québécois, pour qu'ils privilégient des produits locaux dans leurs achats musicaux.
«On fait de la bonne musique au Québec, donc prenons le temps de l'apprécier, de l'écouter. Plus on va l'écouter, plus elle va se retrouver sur des listes de lecture très importantes», a conclu M. Archambault.
L'ADISQ remettra ses trophées annuels cette semaine. Le Premier gala aura lieu mercredi, alors que le gala principal se tiendra dimanche soir.
LA MUSIQUE AU QUÉBEC, EN CHIFFRES (2017)
0 : C'est le nombre d'artistes québécois ayant vendu 100 000 copies ou plus de leur album physique ou numérique (il y en avait un en 2016).
- 44% : C'est la proportion de produits québécois dans les ventes d'enregistrements audio en équivalent d'albums (c'était 46% en 2016).
- 32 : Sur les 50 albums les plus vendus au Québec, 32 étaient québécois (il y en avait 27 en 2016).
Source : ADISQ et Institut de la statistique du Québec
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