
L’édition du Prix littéraire des collégiens 2019 est suspendue. Les organisateurs du concours veulent prendre le temps d’arrêt pour jauger la réaction aussi complète que possible à l’arrivée du géant du web Amazon comme commanditaire. Cette association a été fortement critiquée par plusieurs joueurs du milieu du livre québécois, dont les finalistes de la prochaine édition.
« La décision est la résultante directe de la réaction désolante de plusieurs acteurs du milieu du livre au Québec suivant l’annonce récente d’un appui majeur », explique le communiqué émis mercredi après-midi signé par Claude Bourgie Bovet, cofondatrice du prix et présidente de la Fondation Marc Bourgie.
La récompense a été créée au début du siècle pour encourager la lecture et faire la promotion d’œuvres québécoises. Le prix a annoncé la semaine dernière que le géant du commerce en ligne Amazon assumerait une part importante du budget de fonctionnement et assurerait ainsi sa pérennité.
L’annonce a enflammé le milieu du livre. « Déçus », « surpris », « furieux », différents acteurs du milieu ont vivement réagi à la nouvelle, critiquant le choix du comité organisateur, qui n’avait prévenu personne de sa décision avant la conférence de presse de vendredi dernier dévoilant les finalistes.
« La suspension veut nous permettre de voir clair dans tout ça, dit au Devoir Sylvie Bovet, coordonnatrice du prix. Nous n’avions pas l’adhésion de nos acteurs principaux. La suspension nous donne du temps pour réunir les conditions [de succès]. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre. Je ne sais pas non plus si le prix sera maintenu. Ça reste à voir. C’est sûr que notre objectif c’est de faire vivre ce beau prix, de continuer notre mission. »
La coordonnatrice ajoute qu’il faut maintenant que les gens en faveur du prix, tel qu’il est, avec son nouveau commanditaire, se manifestent. « On entend plus le bruit qui fait mal que le bruit qui fait du bien. On veut maintenant évaluer le bruit positif et voir si avec cet appui on peut remettre le prix sur pied. »
La récompense est remise au Salon international du livre de Québec. La prochaine édition aura lieu début avril. Les jurys de collégiens comptant des centaines de participants sont normalement constitués au début de la session d’hiver.
Au moins une des cinq finalistes ne décolère pas. « Le ton de la lettre envoyée est extrêmement méprisant », dit au Devoir Lula Carballo (Créatures du hasard, Cheval d’août éditeur) en parlant du communiqué annonçant la suspension. Je comprends que la signataire est fâchée par notre réaction critique. Nous, les finalistes, nous avons écrit une lettre pour dénoncer une situation. Nous avons été fâchés d’apprendre l’implication d’Amazon et de l’apprendre en même temps que tout le monde. Et là, nous apprenons la suspension du prix de la même manière, par l’entremise des médias. »
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