Clown harcelée par la mère d'une de ses admiratrices - Le Journal de Montréal

SAINT-HYACINTHE | Une mère de famille de l’Outaouais a reconnu hier avoir harcelé pendant huit mois une clown que sa fille handicapée adorait... en lui faisant parvenir des menaces visant sa propre enfant.

Véronique Gagné a créé le personnage d’Atchoum il y a 20 ans pour divertir les enfants.

Mais celle qui se décrit comme une rockeuse jeunesse ne riait plus lorsqu’elle a reçu une série de messages harcelants s’attaquant à l’une de ses plus fidèles admiratrices âgée d’à peine quatre ans.

La fillette adorait Atchoum, si bien que sa mère, qui réside en Outaouais, se déplaçait aux quatre coins du Québec, et même en Ontario, pour assister aux spectacles de la colorée clown.

Entre juillet 2017 et mars 2018, l’artiste de 38 ans a reçu d’incessants messages provenant d’au moins une vingtaine de faux profils Facebook, a relaté hier Me Cimon Senécal, de la Couronne, au palais de justice de Saint-Hyacinthe.

« Mongole »

Ces envois inquiétants, provenant de supposés journalistes, infirmières et autres, parlaient de l’enfant atteinte de dyspraxie motrice comme d’une « mongole qui ne méritait pas de vivre ».

La rockeuse jeunesse a aussi été la cible de perturbants appels téléphoniques en pleine nuit, durant lesquels on entendait la voix d’une enfant chanter sur la musique d’Atchoum.

« Ç’a été une charge émotive intense. En spectacle, j’étais toujours en mode vigilance. Je scannais la salle », a souligné hier Mme Gagné, en entrevue avec Le Journal, à sa sortie de la salle d’audience.

Craintive, elle a contacté la mère de la fillette à plusieurs reprises pour lui dire d’être prudente.

La musicienne pour enfants connaissait bien celle-ci puisqu’elle lui avait demandé de participer à un spectacle-bénéfice pour aider des enfants handicapés. Mme Gagné avait accepté avec joie.

Protection policière

À deux occasions, l’artiste a même fait appel aux policiers. La première fois, à la suite de menaces sérieuses, la Sûreté du Québec est venue « protéger » la famille qui s’était déplacée pour un spectacle à Alma, au Saguenay—Lac-Saint-Jean.

La seconde fois, la police de Laval a déployé tout un branle-bas de combat au Cosmodôme après qu’un individu menaçant ait laissé entendre qu’il suivait la fillette sur place.

Ce que Mme Gagné ignorait, toutefois, c’est que c’était la mère elle-même qui se cachait derrière tout ce stratagème. La jeune fille n’a jamais été réellement en danger.

La dame de 29 ans, que nous n’identifierons pas pour préserver l’anonymat de son enfant, a plaidé coupable à des chefs de harcèlement criminel et de transmission de faux renseignements, hier, devant le juge Benoît Gariépy.

« Ce qui me fait de la peine, c’est qu’il y avait vraiment de l’amour entre [sa fille] et moi », a laissé tomber la clown.

La harceleuse s’est également attaquée à la réputation d’Atchoum en publiant des messages sur la page Facebook du personnage, stipulant qu’elle « n’aime pas les handicapés ».

« Même quand j’ai su que c’était elle, à mon grand désarroi, je n’ai jamais fait de différence avec sa fille. J’aime tous les enfants égaux », a mentionné Véronique Gagné.

♦ La raison pour laquelle la mère de famille a agi de la sorte n’a pas été expliquée devant le tribunal.

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