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Le répertoire sans sucre de Bryan Adams - ICI.Radio-Canada.ca

Bryan Adams durant une performance à Toronto, en septembre 2017.
Le sourire juvénile et la voix aussi rauque que puissante de Bryan Adams sont toujours au rendez-vous à 59 ans. Photo: La Presse canadienne / Chris Young

CRITIQUE – Durant les rappels, samedi, au Centre Bell, Bryan Adams a évoqué sa longue relation avec le Québec et un club de Pointe-Claire où il s'était produit en 1981 dont il ne se souvenait plus le nom, le tout, prétexte à l'introduction de Lonely Nights.

Un texte de Philippe Rezzonico

La magnifique interprétation en mode guitare-voix du classique de You Want It You Got It (1981) fut l’une des rares surprises de ce copieux concert de plus de deux heures qui en comportait peu. En partie parce qu’Adams s’en tient pratiquement aux mêmes chansons d’un soir à l’autre en tournée, mais également car il arrive un moment où un artiste qui a 40 ans de métier ne peut guère se renouveler.

C’est encore plus vrai avec Bryan Adams en raison de ce que l’on pourrait qualifier – sans méchanceté aucune – de panne d’inspiration. Dans les faits, s’il a mis en marché six albums depuis 11, en 2008, un seul (Get Up, 2015) se veut un disque de matériel original. Il y a deux albums enregistrés en concert, un disque de reprises et deux compilations. Mais avec un répertoire à succès comme le sien, cela a fort peu d’importance quand vient le temps de mettre sur pied un spectacle qui porte le nom d’une compilation.

Succès et nouveautés

C’est justement la plus récente (Ultimate, 2017) – sa 5e depuis 1993! – qui se veut l’appellation de la tournée qui l’amenait au Québec ce week-end, même si Adams en a profité pour interpréter des chansons qui seront sur son prochain disque (Shine A Light) à paraître en mars.

Le Canadien a donné le ton en interprétant d’entrée de jeu la nouvelle et vivifiante Ultimate Love sur une immense scène où il n’y avait qu’une batterie, un piano et un écran géant. Le contraste était saisissant avec le parterre du Centre Bell bondé de sièges comme on le voit lors des concerts de Radiohead ou des Rolling Stones.

Si cela fait belle lurette qu’Adams a troqué sa chevelure ébouriffée et ses vestes de jeans pour les cheveux gominés et les vestons ajustés, le sourire juvénile et la voix aussi rauque que puissante sont toujours au rendez-vous à 59 ans.

En 2000, dans la foulée des années grunge, Adams s’était pointé au théâtre St-Denis en power trio, ce qui avait redonné de la vigueur à ses jeunes classiques. En 2012, au Centre Bell, c’était la tournée 20e anniversaire du disque Waking Up the Neighbours (1991). Puis, en 2015, celle du 30e anniversaire de Reckless (1984), où toutes les chansons de l’album ont été interprétées.

Chaque fois, il s’agissait de concerts thématiques où une période musicale du passé d’Adams dominait. Samedi, la tournée survolait une période allant de 1978 (pour l’écriture) à 2019. Forcément, on s’est éparpillé un peu. J’aurais pris ma favorite musclée (Kids Wanna Rock) plutôt que la nouvelle poussive Go Down Rockin’, et j’aurais pris n’importe quoi à la place de Please Stay. Cela dit, Adams a tellement de tubes que le déficit d’attention dure rarement plus d’une ou deux chansons.

Chants fédérateurs

Les mélodies imparables, les refrains qui tuent et les chants fédérateurs forment l’ADN de Bryan Adams. Et lorsque nous sommes dans un amphithéâtre bondé jusqu’au plafond, la force de frappe est d’autant plus percutante.

La ligne de guitare de Run To You a fait l’effet bœuf habituel. Les 15 600 spectateurs ont entonné Heaven d’entrée de jeu, dès que Adams a tendu le micro vers la foule, telle une prière répétée depuis 35 ans sur les radios commerciales. Le paradis, c’est parfois une chanson.

Adams et Keith Scott, son guitariste depuis des décennies, ont mis le feu avec It’s Only Love, que le chanteur avait enregistré avec Tina Turner durant les années 1980, et l’immortel hymne qu’est devenu Summer of 1969 a tout emporté sur son passage. Réactions habituelles à l’écoute des monuments du passé, donc, mais avec une passion non démentie sur scène et dans les gradins.

Comme valeur ajoutée, il y avait des vidéos qui accompagnaient presque toutes les chansons. Pour Can’t Stop This Thing We Started, Adams est filmé dans un centre d’achats de Toronto où il salue le public. Durant Shine a Light (bonne première impression), on le voit sur des pancartes et des affiches à New York. Lors de Somebody, l’un des moments forts, on voit des milliers de visages sur l’écran. Et pour Brand New Day, nous avions droit à des extraits du clip original dans lequel on voit danser l’actrice Helena Bonham Carter.


De fort belles productions, toutes en noir et en blanc, hormis un peu d’orange pour Ultimate Love et le clip d’antan de Have You Ever Really Loved a Woman (1996) avec un jeune Bryan, Johnny Depp et Marlon Brando.

Si Adams a un solide répertoire rock à sa disposition, il a aussi un tas de ballades mélodiques dans ses tiroirs, certaines étant plus sirupeuses que d’autres sur disque. Je ne saurais dire celles dont la quantité de sucre fait monter mon taux de glycémie (je suis diabétique) au-dessus des limites permises, mais en concert, le Canadien a le don de diluer le tout. Avec un groupe (quatre musiciens) à ses côtés qui ne surcharge pas les chansons, on conserve les qualités mélodiques, sans alourdir la sauce.

Adams trouve le moyen de faire danser tout le monde avec une version acoustique vibrante de When You’re Gone – gravée avec Mel C, des Spice Girls –, une interprétation mordante de Cuts Like a Knife et une irrésistible Back To You. Vous avez dit rassembleur?

Présence au Québec oblige, on a eu droit à quelques mots de français, ainsi qu’à Me voilà et Je reviendrai vers toi. On a beau savoir qu’Adams n’est pas le plus bavard sur scène, on réalise à quel point on aurait volontiers sacrifié quelques chansons afin de l’écouter un peu plus.

Son introduction de la genèse de Straight From the Heart (composée en 1978) était aussi intéressante que son interprétation en mode guitare, voix et harmonica, tel un Springsteen avec Thunder Road. Splendide.

En bouclant son concert en interprétant la fédératrice All For One de façon épurée – avec l’aide de la foule –, il a renvoyé tout le monde à la maison avec le sourire et j’ai pu me coucher avec l’assurance que mon taux de glycémie allait être impeccable au réveil.

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