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«Joker»: l'ennemi de Batman se réinvente - TVA Nouvelles

Récipiendaire, à la surprise générale, du Lion d’or à la Biennale de Venise, «Joker» est une nouvelle itération de l’adversaire iconique de Batman. Incarné par Joaquin Phoenix sous les ordres de Todd Phillips - qui cosigne le scénario avec Scott Silver et qui est à l'origine de la trilogie «Lendemain de veille» -, le Joker n’a aucun lien avec les longs métrages de DC. Pleins feux sur l’un des longs métrages les plus attendus de l’automne...

Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) est un humoriste tentant de percer tout en exerçant son métier de clown pour vivre. Malheureusement pour lui, rien ne fonctionne comme prévu, et il se transforme en Joker.

Todd Phillips, qui a commencé à écrire le scénario en 2016, a dit, lors de la conférence de presse de présentation à Venise, avoir apprécié «la liberté dont nous disposions puisqu’il n’existe pas vraiment d’histoire de l’origine du Joker dans les bandes dessinées. Cela a été libérateur, car il n’y avait ni règles ni limites. Scott [Silver, le coscénariste, NDLR] et moi poussions tous les jours pour trouver des choses de plus en plus folles.»

De fait, Joaquin Phoenix ne s’est inspiré d’aucun traitement antérieur. «Je ne me suis référé à aucune itération du personnage. J’avais l’impression qu’il était notre création.»

Par contre, il a tenu à développer sa propre vision en collaboration avec Todd Phillips dans les huit mois qui ont précédé le début du tournage. «Oui, j’avais identifié Arthur comme une personnalité précise. Mais je voulais aussi disposer de la liberté de créer quelqu’un qui ne soit pas identifiable puisqu’il s’agit d’un personnage de fiction. Je ne voulais pas qu’un psychiatre soit capable d’identifier sa personnalité. Nous voulions avoir la marge de manœuvre nécessaire afin de développer ce que nous souhaitions.»

Loin des longs métrages à grand déploiement de DC ou Marvel - tant Phillips que Phoenix ont refusé les avances des gros studios -, le cinéaste a souhaité revenir au «développement de la psychologie des personnages qu’on voyait dans tant de films des années 1970», citant des œuvres telles que «Chauffeur de taxi», «Raging Bull» ou encore «Vol au-dessus d’un nid de coucou», rappelant à quel point «Joker» avait été difficile à faire, les studios DC n’ayant pas été spontanément convaincus de l’intérêt du projet.

Pour devenir le Joker, Joaquin Phoenix a perdu 24 kg (52 lb) et a développé son rire tout en plongeant dans son personnage pendant huit mois. «Ce qui m’a séduit du personnage est qu’il est extrêmement difficile à définir, a confié l'acteur. Nous nous en approchions, parfois. Je m’apercevais, de temps en temps, que je pouvais m'identifier à certains aspects de sa personnalité ou de ses motivations, mais je m’en éloignais ensuite afin de préserver un certain mystère.»

«À travers le tournage, j’ai eu l’impression que nous découvrions quelque chose de nouveau tous les jours, tant des aspects du personnage que des traits de sa personnalité. Et ce, jusqu’au tout dernier jour de tournage.»

Todd Phillips, qui avait donné à Joaquin Phoenix un carnet de notes, sorte de journal intime à remplir durant le tournage, l’a aidé à composer des rires cohérents avec leur vision commune du Joker. Il en a identifié trois, développés par l’acteur.

«Il y a le rire d’affliction, celui quand il est comme tout le monde et un rire de joie réelle et authentique. [Je voulais un rire] qui soit presque douloureux, comme une partie de lui qui essaye d’émerger à la surface. C’était intéressant puisque nous prenons tous pour acquis la sonorité du rire du Joker.»

Le personnage du Joker est toujours synonyme de violence et Todd Phillips n’a pas cherché à éluder la question. Par contre, il a tenu à mettre un bémol, à atténuer les perceptions.

«La violence dans le film a toujours été pensée comme une montée lente. Les gens prennent pour acquis et pensent que ¨Joker¨ est un film très violent. Chacun est affecté différemment. On peut regarder un long métrage comme ¨John Wick 3¨ et trouver qu’il est beaucoup plus violent.»

«Nous avons essayé de peindre la violence de la manière la plus réaliste possible, de manière à ce que lorsqu'elle est montrée, on la ressente comme un coup de poing dans l’estomac. Tout est une question d’équilibre.»

Au total, incluant les séries télévisées, animées, les films et les jeux vidéo, le Joker a été décliné dans plus de 250 productions. Apparu au petit écran pour la première fois en 1966, le personnage au sourire inquiétant a été incarné par des acteurs fort connus.

Voici cinq prestations mémorables.

Mark Hamill

Créé après le succès des films de Tim Burton, «Batman: The Animated Series» comprend 85 épisodes dans lesquels Mark Hamill double la voix du Joker. Il a également repris le personnage pour deux longs métrages animés, un jeu vidéo, trois séries animées... ainsi que des jouets et des manèges de parcs d’attractions.

Jack Nicholson

Sans contredit le plus connu des Joker, Jack Nicholson a incarné celui de Tim Burton dans le «Batman» de 1989. Le criminel est défiguré en tombant dans une cuve de produits chimiques et jure de se venger de la population de Gotham en faisant mourir tout le monde de rire en se servant d’un produit chimique.

Heath Ledger

Réimaginé par Christopher Nolan pour son «Chevalier noir» de 2008, le Joker a les traits de Heath Ledger (qui a remporté un Oscar posthume pour son interprétation). Là, le criminel fou demande à Batman de dévoiler son identité, sans quoi il occira la population entière de Gotham.

Jared Leto

Dans «L’escadron suicide», sorti en 2016, le Joker possède désormais les traits filiformes de Jared Leto. Le psychopathe y est représenté avec Harley Quinn (Margot Robbie), son amoureuse, qui aura un film dédié en 2020, mais dans lequel Jared Leto ne reprendra pas son rôle.

Brent Spiner

L’interprète bien connu de Data dans la série «Star Trek: la nouvelle génération» a été la voix du Joker dans la série animée «Young Justice», diffusée à partir de 2010. Cette dernière comprend trois saisons, mais a été annulée, le dernier épisode ayant été diffusé en août dernier.

«Joker» crée l’événement au cinéma dès le 4 octobre.

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