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Ils travaillent aux Fêtes - Le Journal de Montréal

Pendant que la plupart des Québécois festoient et sont en vacances pour Noël et le jour de l’An, d’autres doivent tout de même aller travailler. Le Journal a rencontré des gens dont le métier requiert qu’ils soient fidèles au poste en tout temps pour saluer leur dévouement.  

Chicanes de famille au temps des Fêtes  

Les policiers sont prêts à intervenir quand ça dégénère 

Le temps des Fêtes n’est pas de tout repos pour le capitaine Robert Bouchard à la Sûreté du Québec.

Photo Agence QMI, Mario Beauregard

Le temps des Fêtes n’est pas de tout repos pour le capitaine Robert Bouchard à la Sûreté du Québec.

La période des Fêtes demeure toujours fort occupée pour les policiers, qui doivent parfois être appelés à intervenir dans des partys qui ont dérapé. 

« Des chicanes de famille, ce sont des affaires qui arrivent et parfois les gens appellent la police, souligne le capitaine Robert Bouchard, du Centre de vigie et de coordination opérationnelle (CVCO) de la Sûreté du Québec (SQ). Mais une marquante que j’ai dû régler, c’était une affaire entre deux frères qui ne s’entendaient pas du tout sur la place qu’ils voulaient avoir à la table. » 

L’événement s’est produit à Shawinigan, il y a une dizaine années, alors qu’il était sergent de relève dans ce secteur.  

« C’était peu après minuit, donc évidemment ça implique des gens quelque peu intoxiqués, raconte le capitaine Bouchard. Aussi niaiseux que ça, la façon que j’ai réglé ça je leur ai dit : “vous n’êtes pas capables de vous entendre ? Alors c’est moi qui va s’asseoir au bout de la table !” » 

Il est resté sur place une dizaine de minutes, le temps que le conflit se résorbe.  

« J’ai eu le temps de goûter un peu à la dinde, puis au pâté à la viande. Les deux frères se sont assis à côté de moi et la chicane a fini là, rigole M. Bouchard. Après, je suis retourné faire ma patrouille. » 

Bien occupé 

Aujourd’hui affecté à la « tour de contrôle » de la SQ, celui qui cumule 25 années d’expérience est toujours aussi occupé durant le temps des Fêtes, même s’il n’est pas directement sur le terrain. 

« Les informations rentrent à une quantité phénoménale, on suit les cartes d’appels de toute la province, on doit en prendre connaissance au fur et à mesure pour juger des priorités », explique Robert Bouchard.  

Plusieurs décisions seront prises au CVCO, selon le type d’événement qui aura lieu. Au moins quatre officiers y sont en permanence pour assurer un bon déroulement. 

« On va mettre en place les structures, et au cas par cas, on va déployer les ressources nécessaires pour que la prise en charge se fasse efficacement », souligne le capitaine Bouchard.  

« Mais c’est mon choix d’être ici. Je savais qu’il y avait ces contraintes-là et il faut qu’il y ait quelqu’un dans ma chaise, c’est important. Mais c’est quelque chose de bien accepté, de travailler à Noël, personne ne vient à reculons », soutient-il. 

Il opère au cœur durant le décompte du Nouvel An 

Le D<sup>r</sup> Joe Helou est chirurgien cardiaque depuis 22 ans. Il pratique au CHUM.

Photo courtoisie, CHUM

Le Dr Joe Helou est chirurgien cardiaque depuis 22 ans. Il pratique au CHUM.

Un chirurgien cardiaque au CHUM de garde durant la période des Fêtes a déjà dû opérer d’urgence un futur papa, en plein décompte de la nouvelle année.  

« C’était il y a quelques années. On a arrêté [l’opération] environ une ou deux secondes pour souhaiter la bonne année à tout le monde et se dire qu’on est chanceux d’être là pour sauver la vie de quelqu’un, se remémore le Dr Joe Helou, qui effectue des chirurgies au cœur depuis 22 ans. Mais ce n’est pas la grosse célébration, il faut rester bien concentré sur ce qu’on fait. »  

Chaque seconde comptait pour le patient, qui avait subi une dissection de l’aorte après un anévrisme. Après s’être présenté à la Cité-de-la-Santé à Laval, il a été transféré au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) le 31 décembre et il fallait agir au plus vite. 

« Le taux de mortalité est de 50 % après 24 h et 100 % après 48 h pour une dissection aortique. On a commencé l’opération en fin de soirée et on a fini aux petites heures du matin, donc on savait qu’on serait en salle [au Nouvel An] », relate le Dr Helou.  

Femme enceinte 

Fort heureusement, le patient a réussi à bien se remettre de la chirurgie, malgré le niveau de dangerosité. 

« Sa femme était enceinte en plus. Avant de rentrer dans la salle, il m’a tenu la main et il m’a dit : “je veux voir mon p’tit gars”. Ça, ça met beaucoup de pression, poursuit le médecin. Mais il faut souligner que c’est un gros travail d’équipe, avec les infirmières, l’anesthésiste et le perfusionniste. » 

La plus grande récompense pour le chirurgien est de revoir le patient en pleine forme, quelque temps après la procédure. 

« Sauver la vie de quelqu’un, c’est le meilleur cadeau. Pour tout dire, lorsque tu revois cette personne qui revient à ton bureau un mois plus tard, avec ses enfants et sa famille, ça vaut 1 M$. En fait, ça n’a même pas de prix », soutient le Dr Helou. 

Pas de pause 

Évidemment, le temps des Fêtes ne fait pas en sorte que les hôpitaux prennent une pause, au contraire. 

« Ça continue de rouler 24 heures sur 24, même si l’ambiance est un peu plus festive, rappelle M.Helou. Pour le bloc opératoire, on ne traite que les urgences, et il y en arrive quand même beaucoup. En deux semaines, on prévoit qu’il y aura environ 10 cas à faire. Mais c’est très variable. » 

Durant sa période de garde, le chirurgien ne prévoit presque aucune soirée de festivités, afin d’être frais et dispos s’il doit opérer.  

« Il faut toujours être prêt à se faire appeler. Mais honnêtement, ce n’est pas un sacrifice. C’est par dévouement pour les patients. La famille comprend, mais je peux passer du temps avec elle aussi », conclut-il. 

La détresse psychologique ne prend pas de vacances 

Une période qui peut être difficile pour une partie de la population 

Intervenante chez Suicide Action Montréal depuis 2016, Camille sera au bout du fil durant le temps des Fêtes afin de répondre à des personnes qui vivent de la détresse.

Photo Pierre-Paul Poulin

Intervenante chez Suicide Action Montréal depuis 2016, Camille sera au bout du fil durant le temps des Fêtes afin de répondre à des personnes qui vivent de la détresse.

Les personnes qui peuvent trouver la période de réjouissances plus difficile ont tout de même accès à des anges gardiens prêts à les écouter 24 heures sur 24 durant le temps des Fêtes. 

« Les gens ne choisissent pas le moment où ils vont vivre de la détresse et avoir besoin d’aide : ça peut arriver n’importe quand. C’est important que notre service soit disponible 24/7, jours fériés et temps des Fêtes inclus », illustre Camille, une intervenante chez Suicide Action Montréal. Par souci de confidentialité, elle préfère ne pas divulguer son nom de famille. 

Les profils des gens qui appellent sont assez variés, mais on ne constate pas nécessairement une hausse de l’achalandage durant cette période, alors que c’est occupé à longueur d’année.  

« Ça touche toutes les classes sociales et toutes sortes de situations. Ça peut être autant des gens dont les Fêtes exacerbent leur sentiment de solitude, des personnes endeuillées d’un être cher, d’autres qui vivent de la nostalgie, de la tristesse ou qui combattent certaines dépendances », énumère l’intervenante qui œuvre au sein de l’organisme depuis 2016.  

« Autant pour certaines personnes, c’est une période de joie avec la famille et les proches, tandis que pour d’autres ça peut être des moments vraiment moins évidents à vivre. Et ça, ce côté négatif, les gens ont tendance à l’oublier, mais c’est une réalité », précise-t-elle.  

Bénévoles et intervenants 

Les lignes d’aide et d’intervention à la prévention du suicide sont « un service essentiel à assurer », selon elle. 

« Imagine quelqu’un en détresse, mais qui veut se faire aider, qui a le désir de continuer à vivre malgré les difficultés vécues, mais qui en appelant n’obtient pas de réponse. Cette personne va se sentir abandonnée, et on ne veut pas ça », soutient l’intervenante. 

Intervenants et bénévoles se relaient donc, à toutes heures du jour, afin d’assurer une présence et une écoute sur les lignes téléphoniques.  

« On a beaucoup de bénévoles qui viennent donner de leur temps, c’est vraiment apprécié, parce qu’ils ne sont pas obligés de le faire. Ils viennent de bon cœur, explique Camille. Mais tout le monde est là par engagement, parce qu’on trouve ça important de pouvoir être disponible et de faire sa part.» 

« Je dirais même que pour plusieurs ça leur fait du bien de se retrouver ici avec l’équipe, et surtout de se dire qu’on peut aider concrètement une personne », conclut-elle. 

Un accouchement du temps des Fêtes 

Photo Antoine Lacroix

Le paramédic Dominic Simard (à droite) a vécu un moment inoubliable en 2012 lorsqu’il a dû aider une maman de Montréal à accoucher dans sa salle de bain, tout juste après Noël. « C’était mon premier accouchement en carrière. [...] On est arrivé et la tête de l’enfant était déjà en train de sortir. Le papa a pu couper le cordon. C’était vraiment un beau moment, tout a bien été », raconte l’ambulancier de 31 ans. Bien qu’il n’ait pas vécu cet événement avec son partenaire d’aujourd’hui, Kevin Desjardins, les deux collègues espèrent pouvoir vivre cette expérience positive ensemble, alors que la plupart des appels ont une teneur plus négative. « Durant les Fêtes, il y a beaucoup de gens seuls, de personnes en détresse qui appellent, parce qu’ils vivent des malaises. On sent qu’ils ont besoin de parler et on essaie d’avoir une oreille attentive pour eux », résume M. Desjardins, 38 ans. 

Noël à l’étage des soins palliatifs 

Photo Antoine Lacroix

Même lorsque la mort approche, il est possible de vivre une période des Fêtes sereine et entourée de ses proches à l’hôpital. « Malgré qu’il s’agisse d’une période difficile à vivre, on voit les familles se réunir et réussir à vivre des beaux moments avec leur être cher. Ils vont vivre beaucoup de nostalgie, parfois ils vont rire, parfois ce sera plus triste. Mais c’est beaucoup une période de bilan de vie. Nous, on est là pour les accompagner dans tout cela », relate Stéphanie Perras, assistante infirmière-chef à l’unité de soins palliatifs du CHUM. Son métier lui a permis de saisir à quel point la vie est précieuse. « Demain n’est pas une certitude, parfois les diagnostics arrivent sans que ce soit prévu. Il ne faut pas attendre que ce soit Noël ou le jour de l’An pour profiter du temps avec nos proches. Faut que ce soit à l’année longue », souligne celle qui est infirmière depuis 9 ans.  

Quand la popote amène les pompiers 

Photo Antoine Lacroix

Quand les fourneaux fonctionnent à plein régime pour préparer de bons petits plats, un incendie peut si vite arriver. On peut toutefois compter sur les pompiers qui ne prennent pas de congés. « Durant le temps des Fêtes, c’est certain que ce sont des appels qui ont une bonne charge émotive, même s’il n’y a jamais une bonne période dans l’année pour passer au feu », avoue le capitaine Martin Corriveau, de la caserne 5 à Montréal, l’une des plus occupées de la métropole. Mais lorsque le drame est évité, il n’est pas rare que les sapeurs se fassent inviter à rester pour prendre part aux festivités. « La plupart du temps, ça reste des événements sans grande gravité et les gens vont se le rappeler comme “la fois où les pompiers ont dû débarquer pour éteindre un chaudron”, et ils en rient. Souvent, ils veulent qu’on mange avec eux, mais on ne peut pas vraiment rester bien longtemps », explique celui qui a plus de 28 ans de métier. Il ajoute que « le bel esprit de famille en caserne » fait en sorte que c’est moins difficile de travailler loin de leurs véritables familles. 

Elle prend des appels d’urgence depuis 25 ans 

Photo Antoine Lacroix

Répartitrice d’appels pour Urgences-santé depuis plus de 25 ans, Colette Miron en a vu de toutes les couleurs durant la période des Fêtes. « Il y a autant de gens heureux que de gens malheureux », constate-t-elle, alors qu’elle peut recevoir des appels autant de gens en détresse que d’autres trop « sur le party ». Mais rapidement, la confusion peut s’installer sur la ligne. « Il faut se rappeler que chaque minute compte. Mais par exemple, si un grand-papa fait un arrêt cardio-respiratoire, mais que toute la famille réunie essaie de parler en même temps, ça devient très dur à suivre », souligne la dame de 59 ans qui suggère qu’une seule personne soit responsable de discuter avec le 911. 

Prêt à tout pour sauver plusieurs familles  

Photo Antoine Lacroix

Un remorqueur de CAA-Québec peut se targuer d’avoir sauvé le Noël de plusieurs familles aux prises avec des problèmes de voiture, en réussissant des petits « miracles ». « Ce n’est pas rare que je sois arrivé et que la voiture fût remplie de cadeaux, prête à se rendre dans un événement de famille. Je vais tout faire pour les dépanner, il ne faut pas qu’ils manquent ça », raconte Alexandru Patcas, patrouilleur depuis 15 ans.  

Les douaniers parrainent des enfants 

Photo Antoine Lacroix

Pour les Fêtes, des gens qui viennent visiter leur famille au Québec et des touristes débarquent en grand nombre à l’aéroport de Montréal, accueillis par des douaniers. « Ça a beau demeurer assez formel comme interactions, on sent que les gens sont en vacances, c’est plus détendu, affirme Yanniv Waknine, douanier pour l’Agence des services frontaliers du Canada. On a aussi un programme de parrainage qui nous permet de redonner à la communauté, en remettant un cadeau de Noël à des enfants dans le besoin. » 

Plus de temps pour gâter les clients 

Photo Antoine Lacroix

Les hôtels du centre-ville de Montréal roulent un peu plus au ralenti durant les Fêtes, ce qui permet de prendre davantage de temps pour les clients présents. « C’est Noël, c’est sûr qu’on leur donne des petits cadeaux, et plus de petites attentions : un petit verre de bulles, par exemple, indique Jacques-Alexandre Paquet, directeur général de l’hôtel Le Germain à Montréal. Comme il y a un peu moins de clients, on a davantage de temps pour en prendre soin. Et ils sont reconnaissants qu’on soit là. C’est toujours une belle ambiance. » 

Prendre l’autobus pour se sentir moins seul 

Photo Antoine Lacroix

Derrière le volant de son autobus, Line Dorval est à même de constater l’effet reposant des vacances sur les usagers. « C’est tellement le fun rentrer aux Fêtes, moi j’adore ça, lance avec un sourire celle qui est chauffeuse de la STM depuis 12 ans. Une fois, un monsieur retraité est embarqué avec moi et a fait tout l’aller-retour. On a eu le temps de discuter, et lui s’est senti moins seul. J’adore mon métier qui me permet de vivre du temps de qualité avec les gens. » 

Ils se cotisent pour une console pour des jeunes 

Photo Antoine Lacroix

Devant assurer une présence dans les établissements hospitaliers, des agents de sécurité du CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal ont décidé de s’impliquer auprès des adolescents d’un centre jeunesse. « On a organisé un moitié-moitié afin de pouvoir acheter une PlayStation pour des jeunes. On espère leur faire plaisir », a raconté Kevin Haley, superviseur du centre opérationnel de sécurité. 

Du bien-être pour les aînés 

Photo Antoine Lacroix

Au son de la musique d’antan et avec les effluves d’un bon repas traditionnel, la période de Noël est fort propice pour rappeler aux aînés dans les CHSLD leurs bons souvenirs de jeunesse. « C’est une belle période d’échanges, de partage et d’amour, raconte la préposée aux bénéficiaires Sandra Tuminetti-Cottenye (sur la photo). Ils nous partagent leurs anecdotes, nous racontent des histoires. Et on les écoute avec un gros sourire, on prend le temps. C’est aussi un temps où ils nous disent merci de prendre soin d’eux. C’est touchant. » Au courant du mois de décembre, ce sont plus de 1000 activités qui sont organisées pour les aînés dans les centres d’hébergement par le CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. « C’est notre saison forte pour le service des loisirs. On veut amener cette magie-là pour eux. On vient raviver de beaux souvenirs », ajoute Andrée Méthot, responsable des services loisirs. 

Des avions à accompagner pour les Fêtes 

Photo Antoine Lacroix

Chaque jour, plusieurs centaines d’avions sillonnent le ciel au-dessus de nos têtes, accompagnés par des contrôleurs aériens pour se rendre à bon port. « Normalement, les communications sont très formelles. Mais durant les Fêtes, on se souhaite joyeux Noël et bonne année avec les pilotes, c’est plus convivial, souligne Éric Maillet, qui œuvre au Centre de contrôle régional de Montréal depuis 2011. On peut accompagner 20 à 25 avions en même temps. Ça demande une bonne concentration pour ne pas perdre le fil, il faut leur trouver les itinéraires les plus rapides et sécuritaires. » 

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