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Scoop: la fiction N'EST PAS la réalité! - Le Journal de Montréal

En septembre 2020, un auteur québécois, Yvan Godbout, subira un procès pour avoir décrit le viol d’une fillette dans un roman d’horreur intitulé Hansel et Gretel.

S’ils sont reconnus coupables, monsieur Godbout et son éditeur risquent une peine de 1 à 14 ans de prison.

Tout ça pour un paragraphe.

L’IDIOT REGARDE LE DOIGT

Quelle drôle d’époque...

Pièces de théâtre annulées, expos décriées, tableaux décrochés, films boycottés...

On pense pouvoir modifier la réalité en s’en prenant à la fiction qui la décrit.

« Quand le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt », dit le fameux dicton qui a été cité en Chambre, l’autre jour, par Gabriel Nadeau-Dubois.

De même, on pourrait dire : « Quand l’artiste décrit un crime, on enferme l’artiste... »

C’est la caverne de Platon dans toute son absurdité.

On fait comme si les ombres qui s’agitaient sur les murs étaient des personnages réels, alors qu’elles ne sont que des reflets de la réalité.

On croit qu’en « nettoyant » notre langage, qu’en interdisant certains mots, certaines expressions, on rendra la réalité plus belle, moins inquiétante.

Et qu’en « purifiant » la fiction qui décrit la réalité, celle-ci, comme par magie, deviendra soudainement plus saine, plus propre.

On dirait des enfants de cinq ans, qui ne savent pas faire la différence entre la réalité et la fiction.

LA PROIE POUR L’OMBRE

C’est un aveu d’impuissance, en fait.

On n’est pas capable d’endiguer le crime ?

On va s’en prendre aux créateurs de jeux vidéo, tiens. Aux auteurs, aux réalisateurs.

Ça nous donnera l’impression d’agir. À défaut d’emprisonner les vrais criminels, on jettera leurs avatars en prison.

Complètement débile.

On attaque les fabricants de miroirs parce qu’on n’aime pas ce que leurs produits reflètent !

Tant qu’à faire, enfermons Denis Villeneuve pour avoir fait un film sur Polytechnique !

Qui sait ? Des « incels » misogynes se rassemblent peut-être dans des sous-sols pour le visionner en groupe, en buvant de la bière, en mangeant des chips et en poussant des cris de joie chaque fois que le tueur abat une cible !

Le hasard a fait que j’ai reçu un courriel d’un auteur de livres jeunesse me demandant de parler du « cas » de monsieur Godbout le jour même où – pas de farce – je terminais la lecture de Lolita, le chef-d’œuvre de Vladimir Nabokov sur un écrivain pédophile obsédé par une fillette de 12 ans.

Dérangeant, ce livre ? Tout à fait.

Je l’ai lu par petits bouts.

Cette plongée dans la psyché tordue d’un pervers est formellement brillante, mais sa lecture, je l’avoue, est par moment extrêmement désagréable.  

Comme Les Bienveillantes, de Jonathan Littell, qui nous plongeait dans la tête d’un officier nazi. Ou American Psycho, de Bret Easton Ellis, qui nous racontait à la première personne la vie d’un tueur en série.

Mais c’est AUSSI le rôle de l’art de traiter de sujets désagréables, d’explorer les zones d’ombre de l’âme humaine !

De nous confronter au Mal !

DES ŒUVRES POSITIVES

Malheureusement, nos petits lapins ne comprennent pas ça.

Ils veulent des œuvres d’art « positives » qui « élèvent » l’âme humaine.  

Comme les curés dans les années 1950 !

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