C’était le Super Bowl de la télé québécoise lundi soir. À 21 h, trois joueurs vedettes ont foulé le terrain pour un match enlevant : Julie Snyder dans son nouveau royaume scintillant, la variole hémorragique à Sainte-Adèle et la fameuse Fanny de Fugueuse.
Commençons avec la « démone », qui a très bien réussi, malgré des problèmes de son, le premier tour de piste de La semaine des 4 Julie. En ouverture, c’est François Legault qui a présenté l’animatrice comme étant la femme de l’autre… poste. Bon gag.
La reine de V avait enfilé une magnifique robe de princesse signée Viktor & Rolf pour inaugurer son plateau futuriste, où un tapis roulant – quelle bonne idée – relie deux imposantes demi-sphères. Ce décor en jette. Vraiment, c’est impressionnant. Un peu plus de luminosité ne nuirait pas, ceci dit.
Puis, autre surprise : l’acteur des pubs d’A&W, Michel Olivier Girard, est (littéralement) sorti des jupes de l’animatrice. L’écorché du Bye bye 2019 reviendra le 16 janvier pour une entrevue complète.
L’accrocheuse chanson thème du talk-show, signée par Les Trois Accords, nous restera dans la tête tout l’hiver. Ça fonctionne à fond la caisse, cette ritournelle-là.
En direct, Julie Snyder ne paraissait pas nerveuse du tout. Cette Julie plus calme, mieux ancrée, m’a beaucoup plu. Et elle sait encore comment fabriquer de la télé originale et surprenante.
Parler de vaginoplastie, et le faire avec intelligence et une pointe d’humour, c’est du pur Julie Snyder, soucieuse d’aborder des sujets sérieux en heure de grande écoute.
Le témoignage de Khate Lessard, empreint de positivisme, contribuera à abattre des préjugés, c’est certain. Sur la pièce Elle s’appelait Serge des Trois Accords, Khate a rentabilisé à elle seule le tapis roulant de La semaine des 4 Julie.
L’homme-cirque David Dimitri n’était pas un choix d’invité génial, je trouve. Le Suisse de 56 ans a gelé en entrevue, et sa traversée du studio n’avait pas l’air de le stresser une seconde. Suivant !
Par contre, Julie Snyder a mené une entrevue fort intéressante avec Ellen DeGeneres, lui faisant notamment parler de ses épisodes dépressifs. Le topo Finding Ellen évoquait les belles années de L’enfer c’est nous autres. J’ai ri en voyant Julie Snyder nager dans le Pacifique déguisée en Nemo.
En ouvrant une valise et en présentant un numéro de canon (allô la France), Julie a fait quelques clins d’œil à son passé, sans trop insister. Peut-être que le signe de paix sur sa robe nous signalait son état d’esprit actuel ?
Le défi de Julie Snyder sera maintenant de maintenir la folie, l’énergie et le contenu pendant de nombreuses semaines. Car animer un talk-show, ce n’est pas un sprint, mais un marathon. Julie semble prête pour la longue distance.
Pendant ce temps, à Sainte-Adèle…
Dans Les pays d’en haut de Radio-Canada, l’épidémie de variole n’a pas mis deux épisodes complets avant de s’installer, contrairement à la série Épidémie de TVA, qui démarre – trop lentement – mardi à 21 h.
L’alerte au divulgâcheur sonne ici comme le glas de la boisson dans la nouvelle paroisse du curé Caron (David La Haye). Ce prêtre barbu à bicyclette, qui a pondu le Manuel de la tempérance, n’annonce rien de bien amusant pour les habitants du Nord. Maudite corneille du diable, pour paraphraser la désemparée Délima (Julie Le Breton), encore sur le bord de perdre son hôtel.
Donc, fini le whisky et place à la Croix noire, la Ligue catholique antialcoolique. Et la chasse aux mauvais payeurs est ouverte.
De saison en saison, Les pays d’en haut se bonifient grâce au souci maniaque du détail de leur auteur Gilles Desjardins, passionné de faits historiques.
Dans l’épisode de lundi soir, les nombreux personnages de ce western défilaient, et je n’en revenais pas combien la distribution de cette excellente série, l’une de mes préférées, demeure la meilleure du petit écran québécois. C’est époustouflant.
Sous la houlette de l’efficace réalisateur Yan England, Les pays d’en haut continuent de bien doser les moments dramatiques et ceux plus rigolos. Il n’y a pas de cassure, par exemple, entre les scènes d’horreur de la variole (pauvre FX Laloge, pauvre Eulalie Fourchu) et le défilé de maillots de bain de Caroline (Anne-Élisabeth Bossé) et Délima. Le tout, approuvé par la Ligue catholique féminine, évidemment.
Cette cinquième saison des Pays d’en haut, qui ne renferme que cinq épisodes, hélas ! devait être la dernière. Radio-Canada a toutefois renversé sa décision et donné le feu vert à une sixième année. Il y a tellement de beaux rôles à exploiter que ç’aurait été du gaspillage que de stopper la colonisation maintenant.
Entre le projet de construction de chalets des Malterre, le beurre empoisonné, l’organisation de la procession, la propagation du « fléau de Dieu pire que les feux de l’enfer » et un voleur qui détroussera plusieurs villageois, on ne s’ennuiera pas à Sainte-Adèle, contrairement à Donatienne (Kim Despatis) dans son futur mariage au juge Lacasse (Paul Savoie).
Quant à Fugueuse 2, je vous en jase en détail dans ma chronique de demain. Le deuxième épisode de la série phare de TVA a d’ailleurs été mis en ligne lundi à 22 h sur le site web de la chaîne de Québecor, tout de suite après le grand retour de Fanny (Ludivine Reding).
La fureur perd des plumes
De 1 486 000 téléspectateurs en janvier 2019, l’édition spéciale de La fureur a chuté à 1 056 000 téléspectateurs samedi soir. C’est une importante baisse d’audience de 29 %. Est-ce le temps plus clément que l’an dernier qui a nui aux cotes d’écoute ? Est-ce la cacophonie qui a découragé de nombreux fans ? Aurait-il fallu déplacer la diffusion à 20 h ou 19 h ? Chose certaine, une réduction de la taille des équipes s’impose. Huit personnes de chaque côté, c’est trop.
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