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La semaine des 4 Julie: le grand retour de Julie Snyder - La Presse

Elle a commencé sa carrière à l’émission culturelle Sortir de Télévision Quatre Saisons. Trente ans plus tard, elle revient sur les ondes de V à la barre de La semaine des 4 Julie. Un retour très attendu pour celle qui est considérée comme la reine québécoise du talk-show. Nous avons passé une journée avec elle à quelques semaines du jour J.

Nathalie Collard Nathalie Collard
La Presse

Un vendredi gris de décembre. Nous sommes à quatre semaines du lancement de La semaine des 4 Julie. C’est aujourd’hui que Julie Snyder va découvrir « son » décor. L’équipe de Productions J est fébrile.

À son arrivée aux studios MTL Grandé, dans Pointe-Saint-Charles, l’effervescence est dans l’air. Dans un coin, une équipe de menuisiers s’affaire. Les recherchistes sont au travail. Les techniciens discutent entre eux. En compagnie de la productrice Marie-Pier Gaudreault, l’animatrice visite les conteneurs qui abriteront les loges des invités, les salles de montage et les bureaux de l’équipe de recherche. Elle fait également le tour de sa loge, un énorme Winnebago au look vintage, avec tapis shaggy et mélamine brune.

L’animatrice fait finalement son entrée dans l’immense studio que les téléspectateurs découvriront lundi. « La seule chose que j’avais demandée, c’est que ça ne ressemble à rien qu’on a déjà vu, rappelle-t-elle. Je voulais quelque chose de différent de ce qu’on voit habituellement à la télé. »

On peut dire que ses vœux ont été exaucés : le décor est spectaculaire et très original. L’animatrice trônera au centre de deux demi-sphères reliées entre elles par un tapis roulant sur lequel défileront ses invités.

« L’idée, c’est un peu “la planète de Julie” », explique Thierry-Maxime Loriot, directeur artistique de La semaine des 4 Julie, qui a travaillé à la conception des lieux avec Daniel Laurin, le réalisateur-coordonnateur.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Julie Snyder est entourée ici de Daniel Laurin (réalisateur-coordonnateur et directeur artistique), de Thierry-Maxime Loriot (directeur artistique) et de Nathalie Larose (productrice déléguée)

On s’est inspirés de la sphère de Buckminster Fuller [le dôme de la Biosphère], un symbole montréalais, et on l’a éclatée. Il y a un coin plus intimiste où Julie fera ses entrevues, et l’autre côté sera réservé aux performances.

Le directeur artistique Thierry-Maxime Loriot

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Julie Snyder discute avec Daniel Laurin, réalisateur-coordonnateur et directeur artistique de l’émission.

Si on devait résumer le décor de La semaine des 4 Julie en un mot, ce serait « glamour » : l’intérieur des deux demi-sphères est recouvert de miroirs et un gigantesque lustre Swarovski — une pièce de 5 m sur 7 m qui pèse 500 kg — sera suspendu au-dessus du tapis roulant. Une autre idée de Thierry-Maxime Loriot, qui, rappelons-le, était le commissaire de la formidable exposition Thierry Mugler : Couturissime présentée au Musée des beaux-arts de Montréal l’an dernier. Il fera également partie des collaborateurs de l’émission à titre de chroniqueur mode.

Julie 3.0

On peut dire que le paysage télévisuel s’est profondément transformé depuis la dernière fois que Julie Snyder a animé Le poing J, en 2000. Il y a toute une génération de téléspectateurs — celle qui n’est pas abonnée au câble et qui regarde la télé sur un ordinateur ou sur un téléphone — qui l’a peut-être connue à Star Académie ou au Banquier, mais qui n’a jamais vu « la démone » se lancer à l’eau à L’enfer c’est nous autres. Est-ce que ça l’angoisse de savoir qu’elle doit conquérir un nouveau public qui la connaît davantage comme productrice d’Occupation double que comme animatrice de talk-show ?

« Avant de m’engager, V a commandé une étude pour tester l’idée de mon retour, répond Julie Snyder. J’ai trouvé ça sain qu’ils le fassent : le public de V est beaucoup plus jeune que celui de TVA ou de Radio-Canada. Ça ne m’a pas insultée, ça m’a plutôt rassurée. S’il n’y avait pas eu une majorité de personnes qui souhaitaient me voir, on ne serait pas ici en train de se parler. »

Pour Stéphane Laporte, complice de la première heure de l’animatrice, c’était une évidence que son amie devait revenir à l’animation d’un talk-show. « Je lui en parlais depuis L’été indien », cette série de quatre émissions de variétés enregistrées au Québec en 2014, coanimées par Julie Snyder et Michel Drucker et produites par Productions J.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Julie Snyder discute du décor avec le consultant Antoine Laurier

Julie est faite pour l’animation. C’est une intervieweuse née. Elle a l’expérience et la profondeur pour aller dans tous les registres.

Le concepteur Stéphane Laporte

Le duo a conçu une émission à l’image de l’animatrice, qui sera entourée d’une grosse équipe de collaborateurs parmi lesquels on retrouvera des visages connus (Stéphane Leclair, Marie-Lyne Joncas, Olivier Niquet, Véronique Claveau) et de nouveaux venus (Alice Morel-Michaud, Gabriel D’Almeida Freitas, Marième et le youtubeur Émile Roy).

Julie Snyder assure toutefois que les attentes de V à son endroit sont réalistes. « On sait qu’il y aura de grandes séries contre nous sur les autres chaînes, dit-elle. Nous, on offre une proposition différente. Si les gens ont le goût d’être dans un feeling de live le 6 janvier, on va le sentir dans notre show. »

À la conférence de presse, en novembre dernier, l’animatrice s’est présentée devant les journalistes vêtue d’une robe-lit, clin d’œil à sa nouvelle case horaire. Pourtant, V a décidé que l’émission serait diffusée à 21 h plutôt qu’à 22 h comme celles de ses prédécesseurs, Éric Salvail et Stéphane Rousseau.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Julie Snyder à la conférence de presse
de novembre dernier

« Vingt et une heures, c’est le nouveau vingt-deux heures, assure l’animatrice. Les gens se couchent de plus en plus tôt pour toutes sortes de raisons, le trafic par exemple. Ils pourront nous regarder en direct et enregistrer leurs séries pour les visionner en rafale. »

Question de résilience

Le temps file et l’agenda de Julie ce jour-là est encore bien rempli. Elle doit retourner dans les bureaux de Productions J pour enregistrer la narration d’un reportage. Ensuite, on l’attend dans un studio du centre-ville pour le doublage d’une publicité qui sera diffusée durant le Bye bye. À travers tout ça, il y a de nombreux appels téléphoniques et quelques réunions improvisées.

La journée se terminera à Trois-Rivières pour assister au spectacle de Louis-José Houde, qui sera parmi ses premiers invités de la saison. Mais avant de partir, Julie veut absolument nous montrer son entrevue avec Ellen DeGeneres, un de ses coups d’éclat pour lancer La semaine des 4 Julie. On ne dévoilera pas de punch, mais disons que dès les premières images, on retrouve la Julie Snyder espiègle qui aime se déguiser et surprendre son auditoire.

En regardant l’entrevue, on comprend surtout que le choix d’interviewer Ellen DeGeneres pour lancer sa nouvelle émission n’est pas innocent. Les deux femmes ont des points en commun, dont un passage à vide professionnel de plusieurs années. En entrevue, l’humoriste américaine rappelle en effet qu’en 1998, après qu’elle eut affiché publiquement son homosexualité, elle a été larguée par ses commanditaires et ses employeurs. Elle a dû repartir à zéro. On devine que Julie Snyder se reconnaît dans cette résilience.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

De gauche à droite, dans la rangée du bas : Patrick Tremblay (réalisateur), Thierry-Maxime Loriot (directeur artistique), Julie Snyder, Stéphane Laporte (concepteur et producteur associé), Daniel Laurin (réalisateur-coordonnateur et directeur artistique). Dans la rangée du haut : Nathalie Larose (productrice déléguée), Antoine Laurier (consultant au décor), Madeleine Cantin (productrice au contenu) et Marie-Pier Gaudreault (productrice)

« Les dernières années n’ont pas été faciles, confirme l’animatrice et productrice. J’ai frôlé la faillite. Au plus bas, à Productions J, on était 12 employés. Je n’achetais plus de café et je ne changeais pas les ampoules brûlées. Pour calmer mon angoisse, je visualisais ce qui allait m’arriver si je devais fermer mon entreprise. Ça m’a beaucoup aidée. Quand tu fais face à la faillite, après, tout te semble moins grave. »

En 2015, quelques années après son retour au petit écran, le nouveau talk-show quotidien d’Ellen DeGeneres devenait une des émissions les plus populaires de la télévision américaine. Le temps nous dira ce que l’avenir réserve à La semaine des 4 Julie.

À V du lundi au jeudi, 21 h (dès le 6 janvier)

Les Trois Accords pour le thème musical

La toute première émission de La semaine des 4 Julie s’ouvrira avec une prestation des Trois Accords, qui interpréteront la chanson thème du talk-show. Le groupe signe cet hymne composé spécialement pour la nouvelle émission de Julie Snyder. La chanson est déjà offerte sur toutes les plateformes d’écoute. Outre Les Trois Accords, l’animatrice recevra lundi Ellen DeGeneres, la participante d’Occupation double Khate Lessard et le fildefériste suisse David Dimitri, à l’occasion de la grande première, à V, à 21 h.

— Marissa Groguhé, La Presse

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