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De l'adolescence à l'âge adulte

MONTRÉAL – Le réalisateur québécois Samuel Matteau présente son tout premier film dès vendredi dans les cinémas de la province.

Le long-métrage Ailleurs, adapté du roman Haine-Moi de Paul Rousseau, raconte l’histoire de deux adolescents, interprétés par les jeunes acteurs Noah Parker et Théodore Pellerin, qui fuient ensemble et rencontrent sur leur chemin un groupe d’orphelins et de jeunes marginaux tentant de survivre dans les entrailles de la ville de Québec.

«C’est le voyage initiatique de deux adolescents qui ont un désir très vif et très fort d’aller complètement ailleurs, de voir du pays, a résumé M. Matteau. Ils veulent sortir de leur cocon qui est la banlieue de Québec.»

Le cinéaste explique que le film et ses personnages sont habités par ce désir d’évasion, notamment parce que c’est une envie qu’il entretient lui-même depuis longtemps.

«Aujourd’hui, c’est un désir qui s’est transformé, mais que j’ai encore, c’est-à-dire ce désir de découvrir l’ailleurs, qui peut être à la fois un territoire géographique, mais qui peut aussi être un état d’esprit ou une forme d’expression», a expliqué l’artiste, qui travaille aussi en réalité virtuelle, un autre médium propice selon lui à la découverte de l’ailleurs.

Entre réalité et fantaisie

Le récit initiatique de M. Matteau se concentre sur la vie de jeunes fugueurs vivant dans la rue, un sujet difficile et très sérieux, mais dans ce cas-ci traité avec une touche fantastique.

«Ce que j’aime du cinéma, c’est vraiment de voyager dans un univers qui est en dehors de la réalité, mais qui a quand même un ancrage à cette réalité, a dit le cinéaste. Je me serais trouvé imposteur de faire un portrait réaliste des jeunes de la rue, ce n’était vraiment pas ça l’intention.»

«Je trouvais ça important d’en parler et aussi peut-être montrer un autre côté de cette marginalité-là, que ce n’est pas nécessairement tout le temps des gens qui veulent fuir dans la drogue, a indiqué M. Matteau. Ça peut être aussi juste des jeunes qui ont été abandonnés et qui essayent de s’organiser ensemble pour survivre.»

«Ça permettait aussi d’avoir un niveau poétique essentiel au film et de justement pouvoir aller dans des images qui tiennent plus de la poésie que du réalisme», a-t-il ajouté, en soulignant qu’il ne voulait pas tomber dans le misérabilisme.

Dans ce cas-ci, ces jeunes orphelins agissent comme une famille adoptive pour Tv et Samu, les deux protagonistes du film.

Ensemble, le groupe éclectique habite une caverne située dans le cap Diamant, entre la Basse-Ville et la Haute-Ville de Québec, la cité où la majorité du récit se déroule.

Une ville comme personnage

Québec joue d’ailleurs un rôle très important dans le film. «La ville agit un peu comme un terrain de jeu. Elle devient comme un personnage en soi», a dit le cinéaste originaire de Québec.

«Pour moi, c’était aussi important d’avoir la figure du pont de Québec qui est une structure de métal rouillée qui donne l’impression qu’elle pourrait s’écrouler à tout moment», a-t-il poursuivi, en expliquant que la structure agit dans ce cas comme un symbole de l’évolution des personnages, de leur passage de l’adolescence à l’âge adulte.

 

L’étoile montante de Théodore Pellerin

Les projets se suivent, mais ne se ressemblent pas pour l’acteur de 20 ans Théodore Pellerin, qui interprète l’un des personnages principaux du film Ailleurs.

Depuis les débuts du jeune comédien, il y a quatre ans dans la quotidienne 30 vies, ses talents ont notamment été mis en vedette dans les films Isla Blanca et Chien de garde présentement à l’affiche.

Il a aussi participé à quelques productions américaines, dont la série de Netflix The OA et le film Boy Erased en compagnie de Russell Crowe et Nicole Kidman.

«Que ce soit le faire ici ou ailleurs, c’est la même chose pour moi, même si c’est certain que je n’ai peut-être pas les mêmes repères et référents», a relaté l’acteur qui semble demeurer terre-à-terre malgré ses nombreux projets.

«Je pense que c’est bien de penser au futur et à où on veut aller, mais pour moi la façon de mieux travailler et d’être pleinement dans ce que je fais dans le moment présent et de me donner complètement», a-t-il dit.

La valeur d’un personnage

«Ce qui m’a attiré, c’est mon personnage, a dit M. Pellerin à propos de ce qu’il a aimé du projet de Samuel Matteau qui sort en salle vendredi. Je le trouvais riche, il était à un point très bas de sa vie où il vivait de la violence à la maison et il venait de vivre un abandon. On voit que le vrai désir de partir c’est dans sa tête, il y a un besoin de s’évader qui est viscéral.»

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