Elle complétait un séjour au Saguenay, lesquels tendent à se multiplier depuis l’achat du chalet, il y a six mois. Au temps de son enfance, c’est un médecin qui en était propriétaire, et les petits Lapointe s’y rendaient fréquemment, puisqu’il se trouve à côté de celui que possédaient leurs parents, lequel a été rasé, puis remplacé par une construction plus moderne.
Le lieu est inspirant, surtout lorsque Louise Portal s’installe devant la table rustique où repose son journal. La vitrine du salon lui offre une vue en plongée sur le lac, une vue rythmée par les conifères et les bouleaux, qui donnent l’impression de flotter entre ciel et terre. Lors de la rencontre avec Le Progrès, une photographie en noir et blanc, celle d’une femme chère à son coeur, ornait la page de gauche. Un souvenir, et peut-être, une source d’inspiration.
« Au moment d’écrire, on peut regarder le paysage extérieur ou le paysage intérieur. On peut également coller une image et laisser monter ce qui doit être révélé », explique celle qui, le 21 mars, déposera un nouveau titre dans les librairies du Québec. Publié chez Druide, cet ouvrage qui ne ressemble à aucun autre, du moins à l’intérieur de son parcours littéraire, a pour nom Le journal de ma vie.
Il est le fruit d’une expérience que l’artiste a amorcée en 1963, pendant qu’elle était pensionnaire à Québec chez les Ursulines. Quitter ses parents, perdre ses repères, et surtout, vivre séparée de Pauline, sa soeur jumelle. Ça faisait beaucoup de premières fois en l’espace de quelques mois. « J’avais 13 ans et j’ai vécu ça comme un arrachement, relate Louise Portal. Or, le journal m’a donné un ancrage. J’y ai trouvé l’environnement propice pour faire une réflexion sur moi-même. »
Très tôt, elle a pris plaisir à coller des choses dans ses cahiers, du scrapbooking avant la lettre. Cette habitude l’a aidée à préserver des trésors qui, depuis huit ans, sont confiés à la garde du centre de Bibliothèque et Archives nationales du Québec situé dans le Vieux-Montréal. Il y en avait pour 20 boîtes, et dans ses journaux, on peut lire une lettre de François Truffaut – l’originale, pas une photocopie –, des horaires de tournages, des photos, un courriel de Charlotte Rampling et tutti quanti.
« Le journal personnel est le réceptacle de plusieurs aspects de ma vie », confirme Louise Portal, qui a sélectionné des pages recoupant les diverses phases de son parcours afin de les intégrer dans Le journal de ma vie. Ainsi découvre-t-on un dessin réalisé en 1964, accompagné d’une photographie de type passeport et de bouts de phrases rédigés avec application, puisque les religieuses prenaient ces choses au sérieux.
D’autres documents auxquels s’ajoutent des réminiscences écrites récemment brossent le portrait d’une femme qui, en dépit de ses carrières de comédienne, de chanteuse et d’auteure, ressemble à toutes les autres. Les émois de l’adolescence, les coupes de cheveux à géométrie variable, les voyages inspirants, les joies et les deuils sont représentatifs de son époque. Toutes peuvent s’y reconnaître.
« J’ai ajouté des pistes d’écriture et laissé des pages libres afin que les lecteurs les remplissent. Ça faisait longtemps que des personnes exprimaient le désir de tenir un journal, tout en croyant que ce n’était pas pour elles. Au lieu d’être dans l’élan, elles hésitaient, et mon rôle consiste à les accompagner à l’intérieur d’un livre qui pourra les suivre toute leur vie », énonce Louise Portal
Un pied dans le passé, un pied dans le présent
Même si sa carrière de comédienne demeure florissante, Louise Portal a conscience d’être entrée dans une saison différente, tant aux plans professionnel que personnel. Le passage des années entraîne un changement de perspective. Ses racines saguenéennes, entre autres, sont de plus en plus apparentes, chéries, entretenues, comme l’illustre l’acquisition d’un chalet à Saint-David-de-Falardeau.
« J’en suis propriétaire depuis six mois et j’y ai effectué six séjours au cours de cette période. Comme j’ai un projet de roman qui va se dérouler dans la région, je suis sûre que ma présence ici va m’inspirer », a souligné l’artiste il y a quelques jours, à la faveur d’une entrevue accordée au Progrès. Un deuxième livre se profile dans son horizon immédiat, et sans en spécifier la nature, elle indique qu’il ne s’agit pas d’un roman.
Toujours au Saguenay, Louise Portal a été honorée que le Théâtre des Amis de Chiffon lui demande d’adapter pour la scène le conte Ulysse et Pénélope. Cette production destinée aux enfants a été étrennée en décembre, à Chicoutimi, et l’auteure ne retient que du positif de cette expérience. « L’équipe a fait du beau travail. J’ai aussi aimé participer à deux laboratoires de création en sa compagnie. C’était intéressant », souligne-t-elle.
Il est clair, également, que sa route croisera celle du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean à l’automne, ce qui lui donnera l’occasion de présenter son dernier-né, Le journal de ma vie. À ce moment-là, Radio-Canada diffusera la deuxième saison de Trop, une série télévisée écrite par une autre fille originaire du Saguenay, Marie-Andrée Labbé.
On reverra également Louise Portal dans la seconde mouture d’un autre téléroman présenté par la société d’État, Cheval-Serpent. « Nous venons de compléter le tournage, et je figurerai dans huit des dix épisodes. J’incarne Odile, une tenancière de bar alcoolique. C’est une femme qui a beaucoup de souffrance en elle », fait remarquer la comédienne.
Puisqu’il est question de tournages, deux autres ont été bouclés, cette fois pour des longs métrages. Réalisé par David Findlay, l’un d’eux a pour titre Everything Outside et décrit la relation improbable entre une auteure dans la soixantaine et un jeune peintre d’origine libanaise. Il sortira à l’automne, tout comme Les salopes ou le sucre naturel de la peau, de Renée Beaulieu. « Je joue la mère du personnage principal qu’incarne Brigitte Poupart », précise Louise Portal.
Le court métrage lui offre également des rôles intéressants, ce que démontrera Pauline et Jean, réalisé par Juliette Granger. « Moi et Gilles Renaud, nous sommes des grands-parents qui doivent se départir de leur ferme. C’est touchant », affirme la comédienne. Toujours heureuse de servir la cause du court, elle participe à deux ou trois productions par année, souvent à la demande de jeunes cinéastes.
Enfin, elle gère le patrimoine, veillant à ce que ses archives personnelles, tout comme celles de son père, soient préservées dans des conditions adéquates. Les siennes se trouvent à Montréal, tandis que les papiers de Marcel Portal, plus spécifiquement ceux qui sont liés à son engagement artistique, demeureront au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
« Le traitement de ses boîtes est fini, et je viens d’apporter d’autres documents, des lettres, des choses de la Société des poètes et du musée régional », révèle Louise Portal. Puisqu’il est question d’archives, elle invite les gens à visiter l’exposition qui débutera le 26 mars, au centre de Bibliothèque et Archives nationales du Québec niché dans le Vieux-Montréal. Deux vitrines mettront en valeur des documents provenant des 20 boîtes formant le fonds identifié à son nom.
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