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Mariage royal. Turbulent, imprévisible, héroïque... Le prince Harry, dans les pas de Lady Di

Turbulent et imprévisible, le Prince Harry, le cadet de Diana, a souvent fait le bonheur des tabloïds anglais et le désespoir de la famille royale. Alors qu’il est sur le point d’épouser Meghan Markle samedi 19 mai, Harry est devenu le plus populaire des Windsor. Ses actions dans l’humanitaire, son style décontracté et ses sans-faute diplomatiques le font marcher sur les traces de son iconique mère. Portrait.

À quelques jours de son treizième anniversaire, le Prince Harry est encadré par son père, le Prince Charles et son oncle Charles Spencer, le frère de Lady Di. La tête baissée, les poings serrés, le visage fermé, le jeune prince accompagne vers l'abbaye de Westminster le cercueil de la princesse de Galles, sa mère tuée dans un accident de la route à Paris le 31 août 1997. Tiré à quatre épingles dans son costume noir, Harry ne déroge pas à l'exigence de la tradition et au poids de l'éducation. Dans la famille royale on n'exprime pas ses sentiments en public, la Reine elle-même applique la même devise depuis le début de son règne : «  never explain, never complain. » (jamais expliquer, jamais se plaindre). En ce 6 septembre 1997, des millions de fans de Lady Diana pleurent, ils rendent un dernier hommage à leur icone. Harry, lui, va tenter d’éclipser ce traumatisme tout en cherchant à marcher dans les pas de sa mère.

Le septembre 1997, le jeune Harry marche derrière le cercueil de sa mère. il est accompagné par son père, le Prince Charles ( à droite) et son oncle Charles Spencer ( à gauche ) | ADAM BUTLER / AFP

Il faut attendre vingt ans pour voir le prince Harry briser ce masque d'impassibilité dans un entretien au Telegraph en avril 2017 :  « Je peux dire que la perte de ma mère à l'âge de 12 ans et le fait de bloquer mes émotions pendant ces vingt dernières années ont provoqué de sérieuses conséquences dans ma vie privée, mais aussi professionnelle » . Et il ajoute : « J'ai vécu mon deuil en me mettant la tête dans le sable. Je refusais ne serait-ce que de penser à ma mère. En quoi cela m'aurait-il aidé ? Ça va te rendre triste et ça ne va pas la ramener ! Alors à quoi bon ? » 

Le 3 mars 2004. Le Prince Harry aide un orphelin à planter un pêcher dans le petit Royaume montagneux du Lesotho. | ALEXANDER JOE / AFP

Et pourtant ! C'est à sa mère qu'il pense quand il décide d'aller en Afrique du Sud. En 2004, le turbulent prince vient d’obtenir laborieusement l’équivalent du Bac et, comme de nombreux Britanniques, il décide de prendre une année sabbatique. Après un passage en Australie, Harry se rend dans un orphelinat au Lesotho, ce petit royaume incrusté dans le territoire de l’Afrique du Sud. Pendant plusieurs semaines, il va s’occuper d’enfants orphelins du Sida. Sa présence attire les médias, et les dons. Ce voyage initiatique sera pour lui le déclencheur : « Je suis venu faire ce que ma mère aurait voulu que je fasse » confie-t-il à l’époque aux journalistes. Avant d’ajouter : « toute une partie de moi me dit : bon, le moment est venu de suivre sa voie, de perpétuer sa mémoire et son œuvre du mieux possible. » 

Le 12 mai 2003. Le prince Harry se tient à côté d'une statue en bronze de Persée tenant la tête de Gorgone. La statue se trouve dans le jardin du roi de Siam au collège d'Eton. | KIRSTY WIGGLESWORTH / AFP

Le jeune adulte confie aussi que son immersion dans cette Afrique profonde le libère d’un autre poids : «  Le plus sympa ici, c’est qu’ils n’ont pas idée de qui je suis, je suis un mec normal pour eux, ce qui est vraiment, vraiment cool ! »

Harry le garnement

Etre un homme normal. Impossible pour Henry Charles Albert David, troisième, à cette époque, dans l’ordre de succession au trône britannique. Il est observé et jugé à chacun de ses agissements depuis sa naissance. Alors que l’adolescence est souvent synonyme d’explorations et d’expériences, les Britanniques ne laissent rien passer à un prince de sang royal. Il n’a pas le droit à l’erreur et la liste des reproches qui lui sont fait à cette période est plutôt longue et variée. Alors que sa mère, Lady Diana, l’appelait affectueusement « naugthy Harry » (Harry le garnement), la presse britannique va l’affubler de « Dirty Harry », « Hash Harry », l’enfant terrible ou encore le sale gosse, pour illustrer chacune des dérives qui lui sont reprochées. L’expression « Harry’s gaffe » va même passer dans le langage courant.

le 19 août 1995, la princesse Diana (R) et son fils Harry assistent à la commémoration de la victoire sur le Japon en 1945. | JOHNNY EGGITT / AFP

Il faut dire que le garnement commence très tôt à se faire remarquer alors qu’il vient de rejoindre son grand frère, William, au prestigieux collège d’Eton. A l’été 2001, il a 17 ans, Harry échappe de peu à des poursuites judiciaires pour avoir consommé de l’alcool et du cannabis. Son père l’enverra une journée en observation dans une clinique de désintoxication. En 2004, des soupçons de tricherie planent au-dessus de sa réussite au bac. La même année il écume les boites de nuits devant les objectifs des paparazzis. Doigt d’honneur, altercation avec les photographes allant jusqu’au coup de poing, le prince alimente, consciemment ou non, son feuilleton dans la presse à scandale tout au long de son année sabbatique. 

Londres, le 13 janvier 2013. Harry fait la une de toute la presse anglaise. Le costume de nazi qu'il a porté pour une fête d'anniversaire va faire l'objet d'un scandale retentissant. | JIM WATSON / AFP

La « gaffe des gaffes » arrive quelques semaines plus tard. Dans une riche demeure du sud-ouest de l’Angleterre, Harry participe à une soirée costumée donnée à l’occasion d’un anniversaire. Quelques jours passent et un beau matin les Britanniques découvrent à la Une du quotidien le Sun une photo prise avec un téléphone : Harry, un verre à la main, arborant à son bras une croix gammée. Il porte un déguisement de soldat de l’Africakorps . À deux semaines du 60e anniversaire de la libération des camps d’extermination, cette nouvelle « Harry’s gaffe » se transforme en énorme scandale. Les politiques demandent des excuses officielles alors que la presse en profite pour exhumer les relations troubles qu’entretenait le Duc de Windsor, l’éphémère Edouard VIII, avec le troisième Reich d’Adolf Hitler avant la Seconde Guerre mondiale. Harry finit par faire lire trois lignes de communiqué  pour s’excuser. Trop juste pour être efficace.

Alors comment expliquer sa popularité actuelle ? Le mariage princier qui s’annonce ne suffit pas à expliquer ce retour en grâce. Il faut remonter au mois de mai 2005 pour trouver les fondements de ce retournement de situation. Une fois n’est pas coutume, Harry décide de respecter la tradition familiale qui veut que les Windsor fassent une carrière militaire, même s’il choisit l’infanterie plutôt que la royal Navy. Le 8 mai 2005, Harry l’électron libre rentre dans le rang. Il devient élève officier à l’académie royale militaire de Sandhurst. Il va servir dans un des régiments préféré de sa grand-mère, la cavalerie royale, le Blues and Royals. 

Le 2 janvier 2008, le prince Harry patrouille dans la province du Helmand en Afghanistan. | JOHN STILLWELL / AFP

Le sous-lieutenant Wales

En 2007, il se voit refuser une mission en Irak « pour raison de sécurité ». Il peste, menace de démissionner. « Je ne vais pas rester assis à la maison pendant que mes gars se battent pour leur pays ». A défaut d’Irak, ce sera l’Afghanistan en 2008. Le prince va servir son pays pendant deux mois et demi sous le pseudo « Widow six seven » jusqu’à ce que les révélations d’un site internet américain ne contraignent le ministère de la Défense à le rapatrier pour sa sécurité mais aussi pour celle de ses camarades.

Pendant son séjour, le sous-lieutenant Wales comme l’appellent ses hommes, va vivre la vie de soldat. Rusticité, patrouille, camaraderie, Harry est dans son élément : « Honnêtement, je ne sais pas ce qui me manque. » avouera-t-il aux journalistes venu l’observer dans la province du Helmand. À son retour au pays, Harry fait à nouveau les titres de la presse anglaise mais cette fois, c’est pour saluer son engagement. L’armée lui fait du bien et tout le monde le constate. 

le prince Harry, appelé capitaine "Wales", devant un hélicoptère Apache pendant une session de vols d'entrainement dans les alpes françaises en mars 2011 | CLARENCE HOUSE / AFP

Il va donc poursuivre jusqu’à  devenir pilote d’hélicoptère de combat, spécialité pour laquelle il repart en Afghanistan fin 2012. Cette fois le capitaine « Wales » fera une mission complète. Là encore les tabloïds saluent son retour en héros, montrant le flamboyant garçon dans son treillis sous le titre : « J’ai tué des talibans ». Lui garde de ces deux missions la douce sensation d’être comme les autres : « c’est très facile d’oublier qui je suis quand je suis dans l’armée. Tout le monde porte le même uniforme et fait les mêmes choses. » Il démissionnera malgré tout en 2015 parce qu’il ne peut plus partir en opération. Son statut royal lui interdit de prendre plus de risques et le condamne à des postes plus sédentaires dans les états-majors londoniens, ce qu'il ne souhaite pas.

Le Prince Harry prononce le discours d'ouverture des premiers Invictus Games au parc olympique de Londres le 10 septembre 2014 | ALASTAIR GRANT / AFP

Ce militaire expérimenté est aussi conseiller d’État depuis qu’il a 23 ans. Cette fonction lui donne un rôle de représentant du Royaume à l’étranger. Il est présent dès 2005 aux cotés de la reine Elisabeth II à la conférence des chefs d’État du Commonwealth, sa grand-mère le mandate dès 2012 pour la représenter : la cérémonie de clôture des jeux olympiques de Londres, la célébration du jubilé de diamant en Jamaïque.

Les chroniqueurs découvrent un homme « à la fois grave et charmeur, chaleureux et spontané sans jamais tomber dans la familiarité » comme le décrit le Times à la fin de son marathon diplomatique. Les frasques de l’adolescent Harry sont effacées par les actes du Capitaine Wales. Et lorsque certains médias publient des photos de lui nu dans une suite hors de prix de Las Vegas, les Britanniques le soutiennent et appellent à l’indulgence.

Le garnement a muri. Séduisant, le regard direct et franc, il garde la liberté de ton que lui permet le fait qu’il ne sera jamais Roi, son père, son frère William et ses neveux et nièces étant devant lui dans l'ordre de succesion. Il se sent libre de parler de lui aussi, comme le prouvent  ses confessions sur sa mère dans le journal anglais The Telegraph. Il y parle aussi de la prise de conscience de son mal-être. En 2015 il est au plus mal, il cherche de l’aide auprès de son frère  William qui l’encourage à rencontrer un professionnel.

Sans jamais parler de dépression ou de psychologue il reconnait qu’il a trouvé le soutien dont il avait besoin. Il veut maintenant utiliser son aura pour encourager « les gens à briser leurs préjugés envers les problèmes de santé mentale. » Cette détermination à porter le combat des autres n’est pas une première pour l’ancien militaire. C’est lui qui crée les Invictus Games en 2014. Il a dû batailler pour convaincre qu’il fallait créer ces Jeux olympiques pour les soldats handicapés après une blessure en service. Dès la première édition, c’est un succès qui réunit 600 militaires au parc olympique de Londres. C’est aussi lui qui porte les engagements de Lady Di auprès des orphelins du Sida, ainsi que les combats d’une dizaine d’autres ONG. 

Le 18 janvier 2018, Harry et sa fiancée Meghan Markle assistent à une démonstration de dans à Cardiff au Pays de galles. | BEN BIRCHALL / AFP

Si Diana Spencer a secoué l’institution monarchique à son époque, Harry a, lui aussi, fait bouger les lignes. Il va épouser par amour Meghan Markle, catholique, divorcée et métisse. Et même si la future mariée a été baptisée selon le rite anglican en mars dernier, les concessions royales restent de taille.

A l’inverse de son frère, il n’a pas besoin de se draper dans la rigidité propre à la royauté. Il peut ainsi user de la douce impertinence si chère à Lady Di. En 2004, alors qu’il était dans un orphelinat au Lesotho, Harry prenait conscience de ce qui le lie à sa mère : « Je crois que j’ai beaucoup de ma mère en moi. En fait je pense qu’elle aimerait que l’on suive sa trace, mon frère et moi. » Désormais le Prince Henry de Galles assume son rôle d’altesse royale car il a compris que sa notoriété peut être un vecteur puissant pour les combats qu’il veut porter.  

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