Incarnation du mâle américain façon “seventies”, avec son regard viril, son sourire charmeur et sa moustache impeccable, Burt Reynolds s’est éteint. L'acteur est décédé d’un arrêt cardio-respiratoire jeudi 6 septembre 2018, dans sa ville adorée de Jupiter, en Floride. Il avait 82 ans. Sa carrière, entamée dans les années 1950 sur les planches et à la télévision, a explosé en 1972 avec "Délivrance" de John Boorman, ou l’équipée sauvage de quatre urbains dans la nature hostile des Appalaches.
À la ville comme à l’écran, Burt Reynolds va soigner une image caricaturale de macho séducteur, non sans un certain sens de l'autodérision. Les succès populaires, voire populistes, qui ont fait sa gloire aux États-Unis sont presque inconnus en France, comme les comédies “The Longest Yard” (1974) avec un Burt Reynolds en taulard quaterback de l’équipe de football américan de la prison, et surtout “Smokey and the Bandit” (1977), en routier rebelle poursuivi par un shérif imbécile.
En 1998, Burt Reynolds est nommé pour l'Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation de Jack Horner, le producteur de porno de "Boogie Nights" de Paul Thomas Anderson. S'il ne remporte pas la statuette, il se console avec un Golden Globe. Burt Reynolds avait été salué l'an dernier par la critique pour sa prestation dans le film indépendant "The Last Movie Star".
Voici l'interview donnée par Burt Reynolds à Paris Match en 1986...
Burt Reynolds : “J’aime les femmes seulement si elles ont plus de 40 ans”
Interview Dany Jucaud
Aux Etats-Unis, pour toute une génération, Burt Reynolds est le symbole du mâle américain. Et l'un des acteurs les mieux payés de Hollywood. Notre reporter Dany Jucaud a affronté ce séducteur irrésistible.
Paris Match. Vous avez été pendant cinq ans numéro un au box office américain. Puis, il y a eu ces trois ans de silence...
Burt Reynolds. J'ai enchaîné quarante-cinq films sans reprendre souffle. J'avais besoin de prendre du recul avant que le public n'ait une overdose de moi. Si je n'ai plus la première place, je m'estime très heureux de l'avoir gardée aussi longtemps. II faut savoir se recycler. Mon meilleur travail reste à faire. J'espère pouvoir encore surprendre. Je suis metteur en scène, j'ai une école de théâtre. Enseigner m'apporte plus que jouer.
Êtes-vous devenu modeste ?
Ma plus grande leçon de modestie, je l'ai prise en France, il y a quelques années. « Délivrance » était déjà un grand succès. J'étais attablé à une terrasse lorsqu'un touriste - une caricature de l'Américain moyen, chapeau de cow-boy et Ray Ban noires - qui m'observait depuis un moment, s'est approché de moi. J'avais déjà sorti mon stylo pour lui signer un autographe. "Vous avez exactement le physique que je cherche. Ça vous dirait de faire du cinéma ?" J'ai cru qu'il se fichait de moi. II ne bluffait pas. II ne m'avait absolument pas reconnu. "Pensez-y. Si ça vous dit, voilà mon numéro de téléphone. Je suis metteur en scène. Je m'appelle Jean-Pierre Melville".
Vous avez la réputation d'être un grand séducteur.
On m'a collé cette étiquette sur le dos. Mes aventures avec des actrices célèbres n'ont pas aidé ma carrière. Je ne trouve les femmes intéressantes qu'à partir de quarante ans. Au-dessus de quarante-cinq, elles me fascinent. Après, elles sont irrésistibles. Contrairement à ce que l'on croit, je ne suis pas Warren Beatty. Je suis plutôt romantique, en décalage avec l'époque. Je suis né cent ans trop tard.
Vous vivez depuis cinq ans avec l'actrice Lonie Anderson. Pourquoi ne l'épousez-vous pas ?
J'ai envie par dessus tout d'avoir une famille. Je sais aussi que je dois prendre une décision avant qu'elle ne me quitte. J'ai déjà été marié une fois. Un désastre... Je suis prudent. Si je me remarie, je veux que ce soit pour la vie.
Vous avez partagé la vie de Sally Fields pendant plusieurs années. Entre deux stars, croyez-vous la cohabitation possible ?
A condition d'avoir beaucoup d'humour. On ne peut être deux à se contempler dans un miroir. Car dans ce métier, pour survivre, il faut penser à soi tout le temps.
Si vous deviez faire un portrait de vous en quelques mots...
Quelques mots, c'est un peu court ! Disons que je suis timide, gentil, sensible, semi-intelligent. Et j'ai un solide sens de l'humour. Si solide que je le perds de temps en temps...
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