Le viril acteur de “Délivrance”, grande star hollywoodienne dans les années 70, est mort à 82 ans.
Burt Reynolds, mort jeudi 6 septembre en Floride d’une crise cardiaque à 82 ans, c’était d’abord une moustache. Un signe extérieur de virilité qui fit de lui LE séducteur macho de Hollywood dans les années 70 (en concurrence avec son pote Clint Eastwood, glabre, lui). C’était sa période de gloire, l’époque où il enchaînait les déclarations sexistes (du genre « Le mariage est le moyen le plus coûteux pour un homme de faire sa lessive ») et les films d’aventures musclés (Plein la gueule, Cours après moi, shérif, L’Epopée du Cannonball).
Sur un plateau, Burt Reynolds ne faisait pas semblant : il s’est cassé une soixantaine d’os divers lors de ses cascades, dont le maxillaire après un coup de chaise métallique en pleine machoire sur le tournage de Haut les flingues ! (1985). Ces rôles athlétiques n’étaient pas de composition : avant de devenir acteur, ce natif du Michigan était un sportif accompli. Il serait probablement devenu joueur professionnel de football américain sans une grave blessure au genou à 18 ans.
Il refusa “James Bond” et “Star Wars”
C’est son professeur d’anglais à l’université, séduit par sa manière de jouer Shakespeare dans un cours de théâtre, qui le pousse sur les planches. Après des débuts timides à Broadway, il enchaîne les apparitions à la télévision, parvenant à se faire un (petit) nom grâce à son rôle d’indien dans la série western Gunsmoke (1962-1965). Au cinéma, il parvient à percer dans des westerns (spaghettis, notamment) et des films d’action oubliables. Jusqu’à sa rencontre avec John Boorman : le cinéaste anglais lui propose l’un des rôles principaux de Délivrance (1972), sa fable philosophique sur l’animalité de l’homme déguisée en survival movie. Reynolds, qui voit là le moyen de « prouver qu’il pouvait faire des choses sérieuses », s’investit à fond dans le film – et se rase la moustache… Il manque de mourir en canoë sur le fleuve Chattooga et impressionne en force de la nature soudain confronté à ses propres limites.
Le personnage de Lewis Medlock lui offre sa plus belle interprétation dans une carrière en dents de scie, pour ne pas dire en montagnes russes. La faute, notamment, à un certain manque de discernement dans le choix de ses rôles. Il avait refusé de jouer James Bond après le départ de Sean Connery, persuadé qu’un Américain ne pouvait pas incarner l’espion britannique. Et avait dédaigné le rôle de Han Solo dans le premier Star Wars (pour le plus grand profit de Harrison Ford), parce qu’il trouvait le scénario de George Lucas trop « enfantin ».
Pas qu’un sex-symbol
Au début des années 90, sa cote est en chute libre. Ses tentatives de reconversion en joli cœur dans des comédies romantiques (comme L’Homme à femmes, de Blake Edwards, le remake raté de L’Homme qui aimait les femmes, de Truffaut), lors de la décennie précédente, n’ont guère convaincu. Reynolds passe alors plus de temps dans les séries télévisées (dont Beverly Hills !) que sur les plateaux de cinéma. Le come-back (hélas temporaire) viendra grâce à un jeune cinéaste prodige de 28 ans, Paul Thomas Anderson, qui lui offre le rôle (superbe) d’un réalisateur de pornos dans Boogie Nights (1997). A la clé, une nomination à l’oscar du meilleur second rôle masculin et un Golden Globe.
Son interprétation, d’une sensibilité et d’une subtilité rares, rappelait alors que Burt Reynolds n’était pas seulement un sex-symbol un rien bourrin. Mais aussi un acteur de talent, parfois très drôle dans ses interviews et doué d’un vrai sens de l’autodérision. Quand on l’interrogeait sur sa filmographie, il aimait répondre que ses films étaient souvent projetés dans les prisons et les avions, « parce que personne ne pouvait quitter la salle ».
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Burt Reynolds, moustache tombante"
Post a Comment