
Dans Face à faces, un ouvrage signé Jean-Yves Girard, Courtemanche se livre à cœur ouvert sur son ascension vers la gloire, mais aussi et surtout sur ses années noires à consommer frénétiquement drogues et alcool, la seule façon qu’il avait trouvée pour dompter les démons découlant d’une bipolarité encore non diagnostiquée. L’artiste s’en était déjà ouvert, en 2011, dans le documentaire L’homme qui faisait des grimaces.
Après le flop de son spectacle Chaos, à Montréal, en 1997, qui annonçait le début de la fin, Courtemanche n’a jamais renoué avec la scène. Son incapacité à composer avec le stress et la pression avait eu raison de lui.
Pour son show au Grand Théâtre, où il avait repris son célèbre numéro du batteur, créé 30 ans auparavant, il avoue avoir été «beaucoup trop nerveux». Il a d’ailleurs failli tout annuler cinq minutes avant le lever du rideau. «Le cœur essayait de me sortir de la poitrine, ou était sur le point d’arrêter. Anyway, j’étais vraiment pas ben», confie-t-il dans son livre.
«Je l’ai fait pour ma famille, mes six neveux et nièces qui n’avaient jamais vu leur mononcle se trimballer sur une scène, précise-t-il au Soleil, ajoutant ne plus vouloir se retrouver sous les projecteurs. «J’ai fait un trait définitif. Je vais revisiter la scène, mais autrement, comme dans la mise en scène de spectacles d’humour.»
Sur la dérape
Dans Face à faces, l’homme «à la frimousse caoutchouteuse» cache peu de choses de sa vie turbulente. Il confie ses états d’âme dépressifs, ses idées suicidaires, ses épisodes de psychose et de paranoïa. De son voyage autour du monde, en 2000, il avoue en avoir oublié plusieurs épisodes tellement il était gelé. «Y’a des bouttes où j’étais complètement perdu.»
C’est au retour de ce voyage qu’il s’est décidé à aller chercher de l’aide. «Je n’arrivais plus à arrêter. J’ai dit à ma sœur Suzanne que j’allais en cure de désintoxication parce que j’avais besoin d’un coup de main. J’étais accro à plusieurs substances. Ç’a été un sevrage très, très sévère pour mon corps.»
Exploité par son gérant
Un chapitre du livre est consacré à son ancien gérant, François Rozon, qu’il accuse d’«avoir abusé de sa crédulité et tiré parti de sa naïveté». L’imprésario pouvait toucher jusqu’à 50 % de ses cachets. Une rondelette somme quand on pense que dans ses bonnes années, Courtemanche pouvait gagner jusqu’à 800 000 $ par année.
En entrevue comme dans son livre, on sent que le sujet est délicat.
«J’avais plus le goût de parler de mes conditions de travail pendant les 21 ans que j’ai passés avec M. Rozon. Je trouvais que 50 % de cote sur tout, ça n’avait pas sa place. Je me suis toujours demandé pourquoi je n’en parlerais pas. Si c’était la norme à l’époque, on ne devrait pas avoir peur de le faire. J’imagine, en tout cas j’espère, que les conditions ont changé, que c’est différent.»
Il n’a jamais calculé combien il a perdu en confiant sa destinée professionnelle à ce gérant. «Je ne me suis pas arrêté à ça. Ça m’aurait déprimé.»
Pas fait pour la célébrité
Pendant ses années difficiles, Courtemanche a toujours pu compter sur le soutien indéfectible de ses amis Martin Petit et Claude Legault. «Ils ont toujours été là. Je les ai perdus un certain moment parce que je fêtais trop et que mes soirées étaient endiablées. Ils ne pouvaient plus suivre. Je les ai retrouvés petit à petit quand j’ai arrêté de consommer.»
Aujourd’hui, sa bipolarité est sous contrôle grâce à un imposant cocktail de médicaments qu’il doit prendre quotidiennement. «La bipolarité, ça se contrôle, ça ne se guérit pas.»
À 53 ans, Michel Courtemanche est conscient plus que jamais que la célébrité n’était pas faite pour lui. «J’ai toujours dit que le talent était tombé sur la mauvaise personne. Quelqu’un d’autre que moi aurait pu prendre la chose beaucoup plus facilement. J’ai toujours eu de la difficulté avec la célébrité, avec la vie privée surtout. À un moment donné, on n’en a plus. C’est toujours quelque chose qui m’a achalé.»
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