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Chroniques Voler un gag - Le Journal de Montréal

Gad Elmaleh est un voleur de blagues. Je le dis et je l’assume. Je crois que pour la plupart des gens cela ne fait aucun doute qu’il vole, et ce depuis plusieurs années, des blagues voire même des numéros entiers, à des humoristes. Que ce soit des stand-ups Américains, Français, Belges et même Québécois. Je crois que la vidéo qui a été publiée lundi dernier, montrant de nombreux exemples de son plagiat, ne laisse pas l’ombre d’un doute sur sa culpabilité.

Malgré tout, des gens rejettent du revers de la main ces évidences et préfèrent croire que Gad est une malheureuse victime du hasard. Après tout, plusieurs humoristes peuvent avoir la même idée de blague, cela ne veut pas dire pour autant qu’il s’agit de plagiat.

C’est vrai. Il m’est arrivé moi-même à quelques occasions d’avoir un gag très similaire à un de mes collègues. Parfois, j’avais eu l’idée avant, parfois c’était l’autre. Mais dans tous les cas, nous nous sommes parlés, nous avons regardé l’entièreté du gag. Comment on arrive au punch, quel est l’angle et la façon d’amener celui-ci pour finalement prendre une décision. Qui des deux doit retirer sa blague ou est-ce possible de la garder tous les deux, s’il s’agit d’une similitude, mais avec beaucoup de nuances.

Ça, c’est la vraie vie d’un humoriste. Faire un mélange de compromis et d’intégrité. Dans le cas de Gad, c’est carrément autre chose. C’est de prendre une blague, ou un numéro et d’en faire un réel copier coller. Le même ton, le même angle et même, souvent, les mêmes mouvements.

Au-delà de l’injustice et du manque d’intégrité que soulève ce genre de nouvelle, un élément de plus titille ma petite cervelle. Pourquoi? Pourquoi vouloir prendre la propriété intellectuelle des autres et se l’approprier? Je ne parle pas ici d’un hommage où l’on prend l’œuvre de quelqu’un, avec sa permission, pour la faire voir sous un autre angle, non, ici je parle de se faire du capital, dans tous les sens du terme, sur le dos de quelqu’un d’autre.

Où est le bonheur dans tout ça? Comment est-ce possible qu’un artiste, du moins quelqu’un qui se défini ainsi, puisse retirer le moindrement de joie, d’euphorie et de satisfaction à copier l’œuvre d’un collègue? Certes, le public, de plus en plus nombreux, de Gad sont sous le charme. Il remplit les théâtres, les colisées, les arénas partout où il passe. Quand il est sur scène et qu’il est enseveli sous des tonnes de décibels de rire et d’amour, il ne pense pas que si ce n’était pas des humoristes qu’il a copié, personne ne l’adulerait de la sorte.

Mais lorsqu’il est seul dans sa loge, dans sa voiture, dans son lit, est-ce qu’il y pense? Est-ce qu’il sait qu’il est un paria pour notre art et que des gens comme lui, avec de

l’argent et de l’influence, devraient utiliser leur pouvoir pour aider et inspirer, plutôt que pour dégouter?

La gloire à un prix et parfois c’est celui de la conscience. Moi je n’ai jamais volé de numéro, je n’ai jamais copié mes collègues. Je préfère les admirer et être inspiré par eux que de les voir comme des butins. Mon compte en banque est peut-être moins garni, mais ma tête est en paix.

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https://www.journaldemontreal.com/2019/02/06/voler-un-gag

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