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La retraite comme vous ne l'avez jamais vue - Le Journal de Montréal

Quand il est question de la retraite, les clichés ne sont jamais très loin.

L’industrie financière ne nous lâche pas avec ses images de jeunes vieux qui courent sur le sable, heureux comme s’ils venaient d’être relâchés de la prison de Guantanamo pour aller se commander un mojito, à l’autre bout de la plage.

Le stéréotype véhiculé au cinéma présente souvent la fin de la vie active sous la forme d’une petite cérémonie de bureau, avec une banderole accrochée au-dessus de la photocopieuse où l’on peut lire : « Bonne retraite [disons] Bernard ! » Pauvre Bernard, on voit à sa manière de dire adieu à ses collègues qu’il a rendez-vous avec l’ennui, dès lundi matin à 9 h.

Les clichés sont efficaces, car ils confortent nos idées sur la retraite. On la voit comme une nouvelle phase séparée de la précédente par une frontière nette et étanche, comme si deux vies totalement différentes se succédaient : celle où on a travaillé et celle où on se repose ; celle où on a été productif et celle où on ne sert plus à rien.

Une vieille idée appelée à changer

Cette conception de la retraite remonte à une époque où l’on atteignait l’âge de 60 ans sur les genoux, avec quatre décennies de labeur dans le corps et, devant soi, une quinzaine d’années à tenter de s’en remettre, avant de mourir.

Ça n’a plus rien à voir avec les conditions d’aujourd’hui. Oui, il y a encore des métiers qui nous amènent vers la mi-soixantaine physiquement usés, mais ils sont de plus en plus rares, et encore, ce n’est pas tant les tâches en soi qui nous cassent, mais le cadre dans lesquels on les exécute qui nous écœure : le 9 à 5, la pression inutile, un boss qui ne devrait pas l’être, le trafic... rien dont on ne puisse se débarrasser.

À 65 ans aujourd’hui, on ne se sent même plus vieux. Si on a passé le sommet, c’est à peine. On peut espérer vivre 25 ans solide, maintenir encore longtemps la forme, pour peu qu’on ait l’occasion de rester occupé, d’entretenir son réseau social et de nourrir son estime de soi, ce qu’offre généralement un milieu sain et stimulant... de travail.

Moins intense, plus longue carrière

Dans la soixantaine, on déborde d’énergie, d’expérience et d’expertise, trop pour en priver les autres. D’un autre côté, dès 60 ans, et même avant, on n’a souvent plus envie de consacrer 40 heures au travail. C’est pourquoi s’impose l’idée d’une retraite de plus en plus progressive, à une fin de carrière moins intense, où se confondent loisirs et boulot.

Moi, c’est ce que je décode des résultats du sondage réalisé dans le cadre de ce dossier consacré à la retraite. C’est ce que je constate dans les multiples témoignages que vous pourrez lire dans nos pages jusqu’à lundi.

Les planètes n’ont jamais été aussi bien alignées pour réviser notre conception de la retraite, et je n’ai même pas souligné la pénurie de main-d’œuvre ni évoqué notre niveau d’épargne insuffisant.

Il reste néanmoins quelques obstacles, comme ce relent d’âgisme qui flotte sur le marché de l’emploi, l’organisation du travail encore trop rigide et la fiscalité qui, bien qu’elle se soit améliorée récemment, reste encore trop peu accommodante pour les retraités qui voudraient reprendre du service à temps partiel.

Je pense aussi aux régimes de retraite publics, au régime de rentes du Québec (RRQ) notamment qui manque de flexibilité. Les modalités de calcul des rentes des cotisants (basées sur une moyenne des cotisations annuelles) ne favorisent pas le travail à temps partiel de la main-d’œuvre plus âgée. La manière dont est fixé le montant des rentes, sans aucune possibilité de le moduler, représente aussi un obstacle pour la main-d’œuvre la plus expérimentée qui voudrait continuer de travailler.

Ce qui ne nous empêche pas, dans notre planification de retraite, de penser autrement.

 

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