MONTRÉAL | C’était «le cauchemar des "fans" de la Compagnie Créole» au Théâtre St-Denis, lundi, ou, si vous préférez, l’événement La Nuit de la Déprime. Du Saule inconsolable d’Isabelle Boulay aux Pleurs dans la pluie de Mario Pelchat, en passant par un extrait (faussement) déchirant des Dames de cœur, il y avait de quoi pleurer... de rire!
L’animateur Christian Bégin descend l’allée du Théâtre St-Denis en entonnant lentement Ce matin, texte on ne peut plus démoralisant de Diane Juster, et monte sur scène pour livrer (péniblement, il va sans dire) son monologue d’ouverture.
«Ça va bien?» questionne-t-il d’entrée de jeu, d’une voix tremblotante, l’air mélancolique, comme on l’a rarement vu. «Oui», lui répond d’un seul hurlement une foule enthousiaste. «Vous n’êtes pas à la bonne place!» rétorque Bégin avec conviction, sous l’hilarité générale.
Bégin impeccable
C’est ainsi que s’est amorcée la première Nuit de la Déprime québécoise, un rendez-vous que les Productions Agents Doubles (de Luce Rozon) espèrent implanter ici comme une tradition.
Si le concept paraissait de prime abord rebutant – les raisons d’être pessimiste ne manquant déjà pas aux bulletins de nouvelles! –, il faut bien admettre que la Nuit de la Déprime a généré plusieurs moments magiques, en chansons comme en numéros comiques.
La (pourtant pimpante) Shirley Théroux poussant une puissante Une histoire d’amour, Marie-Thérèse Fortin revisitant Barbara avec Dis, quand reviendras-tu?, David Portelance offrant sa douce (et sérieuse) Tenir debout, la reine des ballades poignantes, Isabelle Boulay, et son immortel Saule, et Michel Rivard et sa Complainte du phoque en Alaska, accompagné des voix du public, France Castel renversante sur les Adieux d’un Sex-Symbol...
Les airs étaient tristounets mais, dans la salle, l’ambiance était réjouie et démonstrative. Malgré la thématique, les artistes, une moue simulée aux lèvres, dissimulaient mal leur plaisir d’être là.
Et on s’en est donné à cœur joie dans le défoulement, comme dans ce segment où Pierre Brassard a énuméré une longue liste de raisons d’être abattu. «Monter sur la balance un 4 janvier, être en attente au téléphone sur la ligne d’Equifax, regarder le générique du téléroman Grand-Papa et réaliser que toute la distribution est morte sauf un caméraman...»
À l’animation de ce «Super Bowl du spleen», Christian Bégin a accompli un boulot impeccable, avec des interventions toujours drôles, caustiques et abondamment saucées dans le deuxième degré. Il a commencé par défaire la croyance populaire voulant qu’il soit toujours de bonne humeur («J’haïs mon nom!» a-t-il révélé), puis a réglé le cas de la date maudite qu’est, selon lui, le 20 janvier. «Si le 20 janvier était une personne, elle pourrait demander l’aide médicale à mourir.»
Soirée-bénéfice
Des scientifiques ayant statué que le troisième lundi de janvier («Blue Monday») est la journée la plus déprimante de l’année, en raison d’une multitude de facteurs agaçants (manque de lumière, température froide, excès de kilos et de dettes sur la carte de crédit en raison du temps des Fêtes, etc.), un artiste français, Raphaël Mezrahi, lui, a décidé de s’amuser de cette douloureuse réalité en imaginant le spectacle le plus joyeusement désespérant qui soit, La Nuit de la Déprime, qui fait fureur à Paris depuis huit ans.
Au Québec comme dans sa version originale, La Nuit de la Déprime était un formidable prétexte pour réunir une multitude de grands noms (Élise Guilbault, Mélissa Bédard, Alex Perron, Ève Landry, Patrice Michaud, Yann Perreau et Jean-Sébastien Girard s’ajoutaient aux personnalités mentionnées ci-haut), allier humour et variétés le temps d’une soirée-bénéfice unique, et d’en remettre les recettes à une bonne cause, la Fondation Ronald-Denis, qui vient en aide aux personnes souffrant d’obésité morbide.
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