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L'héritage de Becca

L’adolescente Rebecca Schofield a été portée à son dernier repos mercredi. Pendant son trop court passage sur Terre, elle a accompli plus de choses que plusieurs d’entre nous réaliseront durant une vie entière.

Mieux connue sous son surnom de Becca, cette adolescente de Riverview s’est fait connaître en lançant dans les médias sociaux le mouvement #Beccatoldmeto, qui visait à convaincre les gens de poser des gestes de bonté chaque jour et d’ensuite les partager publiquement.

Elle a réussi au-delà de toutes ses espérances.

Becca a inspiré les gens de sa communauté, du Nouveau-Brunswick et d’un peu partout sur la planète. Peu d’entre nous pourront se vanter d’avoir contribué à améliorer le monde  comme elle l’a fait, «un geste de bonté à la fois».

Une recherche avec son populaire mot-clic montre l’étendue des actions positives qui ont été accomplies en son nom. Des dizaines de milliers de personnes ont répondu à son appel.

L’histoire de Becca a aussi transcendé les langues et les solitudes. Outre les politiciens et quelques personnalités publiques, rares sont les citoyens dont l’action résonne autant en Acadie que dans le Nouveau-Brunswick anglophone profond. Le jour de son décès, autant l’Acadie Nouvelle que les journaux Irving, autant Radio-Canada que CBC, sont revenus sur son histoire. Tous ont partagé de nombreux témoignages, anecdotes et messages de sympathie à l’endroit de la famille.

À une époque où tant de gens cherchent à diviser, où les scandales d’inconduites ou d’agressions sexuelles de la part de personnalités publiques se multiplient, où des élus préfèrent défendre le droit au port des armes à feu plutôt que de protéger nos enfants, et où les États-Unis sont dirigés par un président qui se vautre dans le mensonge, le racisme et l’hypocrisie, il est rafraichissant de constater qu’il y a de bonnes personnes en ce monde. Et surtout, que celles-ci peuvent être entendues et faire une différence. Même s’il ne s’agit que d’une adolescente vivant dans une petite province sans envergure.

Tristement, Rebecca Schofield représente aussi un échec, celui de la science à venir à bout du cancer. Becca est décédée à l’âge de 18 ans, à la suite d’un diagnostic de cancer du cerveau. Dix-huit ans, bon sang! Pouvez-vous imaginer tout ce que cette jeune femme aurait pu accomplir si un médicament miracle avait pu la débarrasser de ses tumeurs? Nous ne le saurons jamais.

C’est malheureusement trop souvent dans des moments tragiques comme ceux vécus par Becca qu’une histoire devient tout à coup inspirante.

En ce sens, elle nous rappelle un peu le courageux Sean Collins, un jeune garçon de Moncton décédé en 2007 à l’âge de 13 ans. Il était atteint depuis quatre ans d’un cancer très agressif, le rhabdomyosarcome.

Il avait affronté la terrible maladie avec courage. L’auteur Martin Latulippe avait raconté son histoire dans la biographie 10 aiguilles, qui était rapidement devenu un bestseller. On y retrouvait certains traits communs avec Rebecca Schofield, notamment sa capacité d’améliorer le monde qui l’entoure. «Il nous a touchés et il a changé nos vies, mais aussi nos priorités», avait commenté dans nos pages un ami de la famille, Mike Murphy.

C’était avant l’explosion de la popularité des médias sociaux. Le petit Collins s’était toutefois fait connaître en participant à plusieurs reprises à la campagne de l’Arbre de l’espoir. Son livre a été vendu dans des librairies partout au Canada et même aux États-Unis. Les revenus ont été versés à la cause des enfants malades. Au Nouveau-Brunswick, le bouquin s’était même vendu plus rapidement qu’un nouveau livre de la série Harry Potter sorti au même moment, nous rappelle les dépêches de 2007. Sean avait d’ailleurs été choisi Personnalité de l’année de l’Acadie Nouvelle cette année-là.

Près de onze années se sont déjà écoulées depuis le décès du jeune homme et il n’a toujours pas été oublié. Petite prédiction, dans une décennie, le souvenir de Rebecca Schofield sera lui aussi toujours bien vivant. Des gestes de bonté seront encore posés parce que «Becca told me to».

D’ici là, d’autres Néo-Brunswickois trouveront aussi le moyen d’inspirer leurs concitoyens, parfois à travers la maladie et leur courage, parfois en étant simplement une lumière pour leurs semblables. Croisons-nous les doigts pour que la prochaine histoire comprenne moins de larmes.

Plus de 500 personnes, y compris plusieurs personnalités publiques, ont rendu un ultime hommage à Becca lors de ses funérailles. Ils ont parlé d’une vie exceptionnelle et pleine d’amour.

Rebecca Schofield a montré que la force de la vie peut dépasser la maladie et la mort. Surtout, elle a profité au maximum du temps qu’il lui restait sur Terre. À nous de faire de même. Un geste de bonté à la fois.

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https://www.acadienouvelle.com/editoriaux/2018/02/21/lheritage-de-becca/

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