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Oscars 2018 : un Jimmy Kimmel peut-être un peu trop sage sur #MeToo et Time's Up

Jimmy Kimmel présentait les Oscars pour la deuxième fois.

Jimmy Kimmel présentait les Oscars pour la deuxième fois.

Aaron Poole / A.M.P.A.S.

L’animateur présentait la cérémonie pour la deuxième année, après celle de 2017, qui avait été marquée par le fiasco de sa clôture mais une performance jugée intéressante. En 2018, en plein mouvements #MeToo et Time’s Up, un homme était-il vraiment la personne qu’il fallait sur scène ?

Après 2017, première cérémonie des Oscars de l’ère Trump, l’édition 2018 des Oscars devait aussi marquer l’histoire : il y a six mois, l’affaire Weinstein éclatait et, avec elle, un formidable mouvement de libération de la parole des femmes. Dimanche 4 mars, le producteur tout-puissant était absent du tapis rouge – quelle première ! –, tandis que les personnalités de Hollywood se massaient dans le Dolby Theater de Los Angeles, dans un élan de changement qu’ils et elles seront les seuls à pouvoir impulser.

Un gros poids pesait donc sur les épaules de Jimmy Kimmel. On ne doutait pas qu’il soit un présentateur plus que convenable pour l’exercice : son CV mais surtout sa performance l’an dernier l’avaient prouvé. En 2017, l’administration Trump en avait pris plein la tête. En 2018, les sujets ont légèrement évolué.

Cette année, Kimmel a dû composer avec les nombreuses questions de société qui parcourent la société américaine – place des femmes, en premier lieu, représentation des minorités, accueil des immigrés, question du droit au port d’arme (survolée par Kimmel avec un appel au soutien des mouvements étudiant anti-NRA) – tout en plaçant la cérémonie dans un esprit de positivité.

Ses quelques blagues au sujet de la libération de la parole étaient bien senties. Jimmy Kimmel a notamment décrit la figure de l’oscar comme « l’homme le plus aimé et respecté de Hollywood ». Et pour cause : « Il garde ses mains là où on peut les voir, il ne dit jamais de vulgarité et, surtout, il n’a pas de pénis. C’est le genre d’hommes qu’on aimerait voir plus souvent dans cette ville. » L’animateur s’est aussi félicité que les choses changent dans l’industrie du cinéma : « Si nous arrivons à faire cesser cette situation de déséquilibre, les femmes se sentiront harcelées seulement dans tous les autres endroits où elles vont. »

Mais on pourrait regretter le manque de piquant général face à l’ampleur du mouvement. Peut-être que le choix d’un homme blanc n’était pas la meilleure option dans un monde secoué par ces questions.

Au milieu d’autres vannes sur l’égalité salariale (à travers l’histoire de Mark Wahlberg payée 1500 fois plus que Michelle Williams pour les reshoots de Tout l’argent du monde) et l’absence des femmes aux postes-clefs de l’industrie, Kimmel s’est fait plus fin sur les sujets plus consensuels ou qu’il maîtrise plus : un petit mot sur les téléspectateurs de Fox News et l’âge de la cérémonie, un autre sur le vice-président Mike Pence probablement énervé par le film gay-friendly Call Me By Your Name, un autre sur les frénésies Twitter de Trump lancées depuis ses toilettes. Au milieu de la politique, Kimmel a aussi donné dans le comique pur, comme il aime et sait le faire : quelques célébrités ont pu visiter une salle de cinéma à côté, Matt Damon en a encore pris pour son grade et un jet-ski a vraiment été offert au tenant du discours le plus court de la soirée (le costumier de Phantom Thread).

Seth Meyers, qui ouvrait la saison des cérémonies aux Golden Globes en janvier dernier, avait été plus efficace sur cette question. Probablement plus observé sur la question (« tel le premier chien dans l’espace », avait-il dit), l’humoriste avait été carrément plus corrosif, dans un événement qui se veut, certes, un peu moins politiquement correct que les Oscars.

La cérémonie des statuettes de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences n’en a toutefois pas été moins avare en moments forts, entre le grave et le léger. Côté émotion, on retiendra que Frances McDormand, oscar de la meilleure actrice pour Three Billboards, a demandé aux femmes dans la salle de se lever. Côté gaudriole, ce sont peut-être Tiffany Haddish et Maya Rudolph, deux actrices afro-américaines, qui ont volé la vedette aux autres remettants, voire au présentateur. Leur numéro très court mais diablement efficace a su, en deux minutes, faire rire sur les tenues des femmes ou sur la polémique au sujet de la blancheur des Oscars (« Les Oscars ne sont-ils pas devenu trop noirs maintenant ?! »). Dans un exercice aussi guindé que les Oscars qui, à travers son histoire, n’a offert la présentation qu’à deux femmes seules en scène (Whoopi Goldberg – à quatre reprises – et Ellen DeGeneres – deux fois), deux hilarantes actrices noires dans le costume de hosts l’an prochain seraient peut-être la solution pour coller au mieux aux questions de société.

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