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Polémique «SLĀV»: Robert Lepage fait son mea culpa - Le Devoir

Mea culpa, dit Robert Lepage : le metteur en scène estime avoir fait preuve de « maladresse et de manque de jugement » à travers la polémique qui a entouré la création du spectacle SLĀV l’été dernier. Il promet de « faire mieux » pour la suite des choses.

Dans une lettre ouverte publiée vendredi matin, M. Lepage raconte avoir eu cet automne une rencontre avec les membres du collectif SLĀV Résistance — qui avait mené la charge critique contre cette « odyssée théâtrale à travers les chants d’esclaves ». Et il a été agréablement surpris.

« Durant la rencontre, notre premier constat était aussi frappant que désarmant ; nous ne ressemblions, ni d’un côté ni de l’autre, aux portraits que l’opinion générale et les médias avaient faits de nous, écrit M. Lepage. Malgré nos divergences d’opinions, nous rencontrer plus tôt aurait eu pour effet de mieux nous comprendre, tout en s’évitant bien des égratignures. »

« Dans ce climat d’ouverture et de transparence, ajoute l’homme de théâtre, il était plus facile pour moi d’admettre mes maladresses et mes manques de jugement et de tenter d’expliquer le bien-fondé de notre démarche. Il m’était également important d’admettre que la version de SLĀV que nous avions présentée en juin dernier était loin d’être aboutie. »

Ainsi estime-t-il que « ce n’était peut-être pas par hasard que les problèmes dramaturgiques dont souffrait le spectacle correspondaient exactement aux problèmes éthiques qu’on lui reprochait ».

Au terme de la rencontre, M. Lepage dit avoir senti « l’importance de [se] commettre sur certains engagements afin de continuer à faire évoluer notre réflexion. »

Il annonce ainsi :

  • que des représentants de SLĀV Résistance assisteront aux répétitions du spectacle avant sa reprise prévue en 2019. Des représentations se tiendront notamment à Saint-Jérôme les 22 et 23 janvier ;
  • que de nombreux changements seront apportés au spectacle ;
  • et que les représentants de SLĀV Résistance auront une tribune pour échanger avec le public et les artistes à la suite de certaines représentations futures.

Robert Lepage promet aussi des « changements structurants à l’intérieur même » de l’organisation d’Ex Machina (sa compagnie de production) pour « assurer une représentation significative de la communauté afrodescendante de Québec au sein de la programmation du futur Diamant ».

Des questions

Dans sa lettre, Robert Lepage écrit que « ce débat a soulevé en [lui] beaucoup plus de questions qu’il ne [lui] a fourni de réponses ». Il dit être resté jusqu’ici silencieux pour éviter « l’arbitrage des médias électroniques et des lignes éditoriales de la presse écrite » autour d’une question délicate.

« Mais je savais bien qu’en choisissant de me taire, je prenais le risque que d’autres parlent à ma place et que les arguments de mes défenseurs ne soient pas toujours en phase avec mes opinions », ajoute M. Lepage.

S’il a été surpris de l’attitude des membres de SLĀV Résistance lors de sa rencontre, c’est qu’il s’attendait à trouver les « irascibles militants d’extrême gauche dépeints par certains médias », des gens prêts à l’« embrocher et à le rôtir à feu vif ».

Au contraire, il a été « accueilli par des gens qui faisaient preuve d’une grande ouverture et qui se sont avérés très sensibles, intelligents, cultivés, articulés et pacifiques », note-t-il.

M. Lepage fait état d’une autre distorsion entre le débat public et la réalité.

« Prévenu à tort par quelques personnes que j’allais probablement avoir affaire à une bande d’“Anglos radicalisés de l’Université Concordia”, tout mon argumentaire avait été préparé en anglais. Mais quand j’ai compris que la grande majorité d’entre eux étaient francophones et que la discussion allait se dérouler principalement dans la langue de Molière, je dois avouer que je me suis retrouvé démuni et balbutiant. »

Robert Lepage écrit également que « pendant les quatre heures de notre discussion, parsemée de témoignages émouvants et de nombreux éclats de rire, nous nous sommes écoutés attentivement, dans un respect mutuel ». « Nous en sommes arrivés à la conclusion que, bien que nous n’allions pas résoudre tous les tenants et aboutissants des problèmes liés à la question de l’appropriation culturelle, une ouverture au dialogue venait de s’opérer. »

Créé par M. Lepage et Betty Bonifassi, SLĀV a d’abord été présenté lors du dernier Festival international de jazz de Montréal (FIJM). La première du spectacle a été marquée par une manifestation houleuse, prémisse d’un vif débat sur l’appropriation culturelle et la représentativité des artistes de couleur sur les scènes québécoises (SLĀV ne comptait que deux choristes noires sur six interprètes).

À la fois pour des raisons de sécurité et parce que Betty Bonifassi était gravement blessée et incapable de jouer, la direction du FIJM avait décidé d’annuler plusieurs représentations. Plusieurs avaient crié à la censure, et Robert Lepage avait écrit que la production était « muselée ».

La lettre de Robert Lepage ne concerne que SLĀV, et ne fait pas état d’une autre polémique touchant les mêmes enjeux — Kanata, qui est actuellement présentée à Paris.

D’autres détails suivront.

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