Oublions les breaks chics à l’allemande ou à la scandinave et les breaks de chasse à l’anglaise. Revenons aux fondamentaux, quelques décennies en arrière, celles de l’âge d’or d’un modèle spécialisé dans le transport de tribus. Une voiture négligée par les designers, rarement gâtée en matière de confort et conçue pour être utile avant d’être agréable. Le break d’antan, que les esprits caustiques affublent du sobriquet peu engageant de « bétaillère », fait du départ en vacances son jour de gloire. Voiture des familles nombreuses point trop aisées, son cahier des charges consiste à loger un maximum de gens sans oublier les bagages qui vont avec. Surtout si le petit dernier voyage sur les genoux de sa sœur et que l’on fixe deux malles sur la galerie de toit.
Raide comme la justice, il est aussi l’auxiliaire zélé des pouvoirs régaliens. Le long des nationales, il veille, en costume bleu marine, au service de la gendarmerie.
Le break Peugeot 504 porte dignement les couleurs (généralement fadasses, entre le blanc et le gris) du fonctionnalisme « estivalo-familial ». Véhicule au grand cœur, lancé en 1971 et qui sera produit pendant douze ans en Europe, il n’est pas fait pour la frime. De face, s’impose la majestueuse calandre et les phares trapézoïdaux (que des « peugeotistes » exaltés comparèrent aux yeux de Sofia Loren) de la berline d’origine signée Pininfarina, apparue trois ans plus tôt. De profil, cela se gâte. Les porte-à-faux s’alanguissent, les formes s’amollissent et à l’arrière se hisse une excroissance à la manière d’un sac à dos. Ce n’est pas un coffre, c’est une sorte de caverne.
Quant à l’arrière, il est aussi séduisant que celui d’une camionnette, avec un hayon qui semble avoir été conçu pour une initiation à l’haltérophilie. Comme son prédécesseur, dérivé de la 404, le break 504 n’a pas eu droit à une dotation très généreuse. Assez fruste, l’essieu arrière rigide dégrade le confort, les moteurs privilégient le couple au détriment des performances, le tableau de bord est souvent minimaliste, et pour la quincaillerie chromée, il faudra repasser.
Ça se tirait les nattes, réclamait un arrêt pipi d’urgence
Le break 504 n’est pas une beauté mais à l’intérieur, ambiance garantie. Selon les versions, il peut emporter jusqu’à sept personnes (dont deux sur des strapontins). On y est serrés mais on s’ennuie rarement. Simone, vive octogénaire, se souvient de ses quatre filles, dont deux jumelles, alignées sur la banquette du break 504 familial. « Sur le chemin des vacances, pas de tablette mais le spectacle de la campagne qui défile, rythmé par un mantra – « les vaches, les vaches, les vaches » – chanté pendant des kilomètres. Finalement endormies, les filles se réveillaient en demandant si la mer était au bout de la rue et reprenaient aussitôt leur hymne aux vaches. » Parfois, à l’arrière d’un break, il fallait aussi jouer des coudes, s’imposer parmi la fratrie. Ça se pinçait, se tirait les nattes, réclamait un arrêt pipi d’urgence mais, si l’on en croit les archives, on y rigolait surtout comme des baleines.
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August 03, 2020 at 02:00PM
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Le break Peugeot 504, la star des grands départs - Le Monde
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